Périgueux la Mort dans l’Âme

Périgueux la Mort dans l'Âme

Laurence Tramois, médecin généraliste et Chantal Chanel, infirmière, comparaissent lundi et mardi à la Cour d’Assises de Périgueux, la première pour empoisonnement, la seconde pour complicité d’empoisonnement. Fait-divers banal ? Pas du tout : 2134 confrères se sont mobilisés en leur faveur et tous les candidats en campagne ont été interrogés pour recueillir leur sentiment sur ce cas. Le 23 août 2003 décédait Paulette Druais à l’hôpital rural de Saint-Astier d’une injection mortelle de chlorure de potassium. Elle était atteinte d’un cancer en phase terminale et bien qu’ayant perdu conscience depuis deux jours, continuait à souffrir. C’est le directeur de l’hôpital qui, trois semaines plus tard, déclenche les poursuites sur la base de témoignages. Une autopsie révèle que la mort de Paulette Druais n’est pas naturelle. Le praticien, interrogé par les services chargés de l’enquête, avoue immédiatement : nos liens étaient tellement forts que je ne pouvais pas garder ma carapace de médecin. Elle est la sœur de la compagne du fils de la patiente. Le procès relance donc la question du droit à l’euthanasie, avec cette particularité que dans le cas présent, Laurence Tramois a pris sa décision de sa propre initiative, sans en avoir consulté, ni averti la famille. Mais celle-ci s’est sentie également soulagée par la fin définitive des souffrances de Paulette Druais. Elle ne s’est pas constituée partie civile. La Loi Leonetti d’avril 2005 permet seulement l’arrêt des traitements sous certaines conditions, à la demande des patients. Verdict vendredi.

On sait que c’est un bon toubib, mais elle est là
Dans le box aujourd’hui avec son assistante :
Elle a donné la mort et elle en est contente,
Puisqu’elle a soulagé sa patiente, et voilà !

Mais c’est un crime, alors… On sait aussi cela :
Si la vie est sacrée, on n’a pas de patente
Et l’on n’en peut user ainsi que ça nous tente,
C’est le sort qui décide et c’est la tombola…

Son geste a libéré les gens d’un poids énorme,
Hélas pour elle, en fait ce n’est pas dans la norme
Et c’est pourquoi on fait pour elle un tel procès.

On craint aussi qu’ensuite il n’y ait des dérives
Si pour mourir on donne un jour un droit d’accès,
Or tout le monde a son sentier sur les deux rives.