Chirac et ses Plans "B"

Chirac et ses Plans "B"

Jeudi, Le MAGue vous présentait, sous la plume d’Olivier Chapuis d’Orgeval, la capacité du Président Chirac à retourner les situations les plus critiques en sa faveur, à tel point qu’à deux jours d’annoncer ses intentions pour l’élection présidentielle à la nation, combien de Français, convaincus de le voir incessamment tourner la page, se prennent à regretter déjà cette haute figure de la vie politique de notre pays ? À l’issue du Conseil européen sur l’Énergie de Bruxelles, Jacques Chirac a bien voulu mettre son mandat en perspective au cours d’une conférence de presse, où les journalistes étaient moins préoccupés par les objectifs de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020 que par l’avenir immédiat du chef de l’État français. S’il a mis en avant les avancées de la construction européenne : l’euro, l’Europe de la Défense et la lutte contre le réchauffement climatique, c’est le regret qu’il a présenté au sujet du référendum sur le Traité constitutionnele européen qui a fait l’effet d’une bombe : je suis désolé de, peut-être, ne pas avoir fait tout ce qu’il aurait fallu pour éviter ce qui a été une mauvaise chose pour l’Europe et pour la France. C’est courageux de sa part de prendre l’initiative d’un droit d’inventaire, qui sera de toute façon réalisé après qu’il aura résolument jeté l’éponge, mais bon sang ne saurait mentir, l’homme politique a bien distribué les responsabilités dans ce qui fut sa défaite la plus récente, en insistant sur la roublardise de ses adversaires : cela n’a pas d’importance parce que, ne vous inquiétez pas, il y a un plan B qui est au fond de la poche et on va le ressortir avec des papillotes. Pourtant, si l’on y regarde à deux fois, le spécialiste des solutions de rechange aux yeux de Jacques Chaban-Delmas, Valery Giscard d’Estaing ou Édouard Balladur, c’est lui !

À la presse, il veut bien reconnaître un revers
Deux jours avant de dire aux gens qu’il se retire,
Mais sans vouloir toujours verser dans la satire,
Au fond, n’a-t-il pas fait beaucoup plus de travers ?

On sait qu’il a souvent mis sa veste à l’envers
Avant de déplorer les ennuis qu’il s’attire :
Combien de fois a-t-il dû souffrir le martyre ?
De cette assiduité, ses amis en sont verts !

En sécession d’abord, en rassemblant ensuite,
En quarante ans, il fait au succès la poursuite
Puis met les mauvais choix sur le gouvernement.

En sous-main, les atouts sans vergogne il échange
Il parle, il passe et quand survient le bon moment,
Il sait se présenter comme un plan de rechange.