La Foire d’Empoigne

La Foire d'Empoigne

Vendredi 16 mars seront connus les candidats qualifiés pour participer au scrutin présidentiel, or la plupart des prétendants sont encore à la peine pour rassembler les 500 parrainages nécessaires pour se mettre en lice. Le choc produit par l’issue du premier tour de l’élection précédente a placé la barre assez haut, et Jean-Marie Le Pen, bien que finaliste en 2005, avoue chercher encore 90 parrains. Les principales formations demandent à leurs affidés de réserver leur signature au candidat de leur parti, et les candidats qui n’ont pas de réseau parmi les 26.000 élus locaux non-inscrits voient leurs chances de concourir fondre comme neige au soleil. Le dissident de l’UMP Nicolas Dupont-Aignan, pourtant parlementaire, a bien du mal et dénonce le verrouillage opéré par le PS et son propre parti. Des pressions s’exercent de toutes parts sur les édiles, peut-être malveillantes : la base de données du Front national a été piratée, comme on l’a appris lundi, tandis qu’une controverse est animée sur le Web, où les militants de la LCR reprochent aux partisans de José Bové de démarcher les maires qui ont promis leur paraphe à Olivier Besancenot. Nicolas Miguet quant à lui, est retenu mercredi en garde à vue pour avoir cherché à détourner les formulaires. De leur côté, des élus de petites communes rurales, aux budgets serrés, ont compris le parti qu’ils pouvaient tirer de la course aux parrainages : le premier magistrat de Noron-le-Poterie a décidé de mettre aux enchères sa signature, au bénéfice de trois associations et de l’école. L’ancien ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon enfin, veut tirer l’heureux bénéficiaire de ses faveurs au sort… L’enjeu est important, puisque de l’avis du ministre délégué aux collectivités locales Brice Hortefeux, 32,8% des suffrages se sont portés le 21 avril 2005 sur les petits candidats, sans bénéfice. Mais tous ces candidats, s’ils prétendent parfois à juste titre incarner un courant d’opinion, ne consacrent pas l’essentiel de l’action militante de leur formation à décrocher d’abord des mandats locaux.

Les petits candidats se font tous de la bile,
C’est vrai qu’ils ont trop peu d’élus dans le terroir,
Et leurs courriers vont à l’oubli dans un tiroir
Pour ceux qui n’ont pas su tendre assez la sébile.

Il faut avant huit jours avoir la main habile
Mais tous ces prétendants sont vus dans un miroir
Où l’éclat n’a plus cours, alors on va bien voir
Qui va trouver demain le truc le plus débile ?

Otage, enfin ! Voyez ce monsieur trop bien mis
Qui mène à la mairie un matin son commis,
Plus de discours : il a mis la main à la poche !

Quatre ou cinq seulement sont vraiment bien placés
Et le gros lot, en fin de compte, un seul l’empoche,
Mais la tribune est belle et les ego stressés…