IKEA et moa !

IKEA et moa !

Vous connaissez la pub qui dit " avant-après " voyez la différence. C’est courant dans le monde de la communication. Pour vendre un produit il faut bien lui trouver des bons côtés à exploiter face à un ancien courant qui n’est plus qu’alternatif.

Hier je me baladais donc chez Ikéa, chaîne de meubles nordique, accompagné de grands blonds en veste bleue pour me guider, sorte de guide touristique dans un milieu mercantile. Eux leur job c’est de vous conseiller. Moi mon job c’est de poser les bonnes questions. Généralement celles qu’ils ne veulent pas entendre dans la bouche d’un pauvre bougre mesurant moins d’1,80 m.
Je ne trouve pas mon compte mais j’intercepte avant la sortie un beau catalogue à la couverture plastifiée qu’on dirait une couv’ de Rock n’Folk. Dans la voiture qui me ramène chez moi, je demande à ma compagne de conduire et me plonge dans cette revue du " beau et branché " sauce Europe Septentrionale.

Au bout de quelques pages je tombe sur 2 petits collègues qui se disent victimes de leur intérieur. Ils veulent mettre le paquet et relooker la maison. Je me prépare à une note salée si c’est les mêmes loufiats qui un quart d’heure avant m’ont déclaré que 3 planches sur un tréteau ça pouvait faire établi ou living room. Tout ça pour la somme nordique de 3000 euros !

Allez prenons le temps d’explorer ces deux photos. Commençons par la demoiselle, honneur aux dames.

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Apparemment elle se prénomme Nathalie mon guide. Vous m’excuserez mes braves mais moi je vais la déblazer et lui refaire une petit déclaration de naissance ainsi qu’un baptême en quelque chose qui me plait mieux. De Nathalie retourne en poussière et devient attend heu… un prénom joli comme un camion le soir au bord de l’autoroute du Sud : ça y est : Valentine !

Je lis ce qu’elle déclare dans la revue suédoise qui n’est pas cochonne malgré les préjugés que nous pouvons avoir sur ce genre de spécimen humain. " J’ai emménagé dans un F3 " déjà bon point : elle est plutôt riche, F3 c’est le minimum vital pour tout mon bordel à déplacer. " j’attends la visite d’amis la semaine prochaine " ouf : pas trop de relation publique avec le monde extérieur, j’aime ! j’adore qu’on se consacre à moi uniquement. Si elle a un mec je l’atomise en enfer en deux temps trois kit de montage. Enfin elle conclue sa prose par " Comment espérer transformer la pièce en une cuisine digne de ce nom ? " avec un petit espoir dans l’œil qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd comme l’on sait si bien à Stockholm.

Moi, Nath… Valentine, je la trouve mignonne dans sa petite cuisine. Elle se sape comme j’aime et son office est plutôt chouette. Elle rie pas comme une conne sur papier glacé, elle croise les bras en demandant au connard qui la photographie si c’est pas bientôt fini et elle crèche dans un bordel organisé. J’adore le plancher. Je pousserais les coins je verrais bien une petit Kro pour relever l’ensemble. Le seul hic c’est qu’apparemment, vu la photo, elle mange bio et question tortore je serais plutôt costaud. Mais la restauration in-vitro c’est question d’égout et de couleur d’assaisonnement.

Je tourne la page en espérant trouver ses coordonnées publiques, je suis piètre bricoleur mais vivre avec elle devrait m’amener à progresser dans à peu près tout les domaines.

Le résultat est à la auteur de mon désarroi.

Premier constat saisissant : l’After ne sera pas together entre elle et moi.

Qu’t’s’est que cette horreur ! La fée Ikéa s’est gouré de baguette magique. C’était l’autre ! la merdique qu’elle a actionné sans réfléchir. Je parle pas que des meubles. De tout. L’ensemble. Hors cadre. Dire que t’as payé cher pour en arriver là.

Qui m’a fichu un designer de mes deux pour relooker ma princesse ! Tu portes bien ton nom Nathalie ! Je te répudie, te conjure de mon état servile. Redevient Nathalie et vie éternellement dans une conception restreinte d’une vie harmonieuse en cuisine. La seule chose restante de notre beau projet de vie de couple c’est les couteaux sur le plan de travail. Un vicieux te les a laissé pour te faire hara-kiri !

Où qu’il est passé le lambris de sol tout usé qui donnait un charme vieillot à l’ensemble ? Tout pue l’aseptisé, le récuré au viakal. On se croirait dans un hôpital public qui serait bien tenu. Et toi Nathalie, qu’est ce qui t’a pris ?
De princesse grunge tu files un mauvais coton. Tes boots, ton futal bien droit, lice comme ta personnalité, ton petit haut qui dévoile un bout de chair rose pour faire croire que tu es encore humaine et ce sourire qui en dit long sur ce que ces méchants vikings t’ont fait subir. On te croirait prête à rentrer sur Femme Actuelle. Tes sapes sont des fortifications de vieille bourgeoise bêcheuse avant l’âge. A coup sur je m’arrête pas pour te demander du feu.

T’as même sacrifié ton frigo et ta plante dessus pour une table avec des céréales AllBrun et une fleur montante dans un vase à l’eau rouge. Vous les suédois qui bénéficiez du niveau de vie moyen le plus élevé d’Europe je ne veux pas m’installer dans votre pays de barbare.

Revient Nathalie, arrête tes conneries, je peux encore interférer au consulat français pour toi ! Gâche pas ta vie là-bas.

Tu veux que je te dise ton avenir : tu vas rencontrer un beau cadre dynamique gagnant bien sa vie, qui turf toute la nuit et même après, il te fera trois gosses pour te garder à la maison, tu limiteras ta prise de poids en faisant beaucoup de sport en salle, tu iras entre copine voir un spectacle de Chippendales et tu en viendras fatalement à la chirurgie esthétique en pensant qu’il n’y a que ça que tu puisses tirer en bien dans ta petite vie pourrie.

Je suis prêt à verser une larme sur un destin brisé quand je remarque cette bouteille à la mer, ce petit mot dissimulé dans le haut de la page. Quelle n’a pas été ta difficulté pour faire passer ce petit appel. C’était risqué. Je pouvais passer à côté mais comme tu me connais si bien Nathalie j’ai l’œil vif et l’esprit clair (par soir de mistral) Nathalie c’est bien toi Valentine. Je viens te chercher, n’ai pas peur le cauchemar est bientôt terminé. J’interviens dans un hélico blanc (faut vivre avec son temps) et t’enlève de cette farce. Ton appel n’est pas vain. Je l’ai vu.
Ce : AU SECOUR écris en lettre de sang comme le " Homard m’a tué dans la piscine de ma grande propriété ! "

Ce SOS, ce cri à la mer. Je t’aime Nathalie. Reste là, sagement dans cette posture ignoble encore un petit quart d’heure, ne bouge surtout pas, le temps que je fasse Paris- Oslo et te tire des griffes de la nuit.

J’arrive ma chérie. Vive la France. Vive l’artisanat hexagonale. Demain j’irais voir chez Meuble colonial si ils ont pas une démonstratrice aux mains des tigres du Bengale !