L’Hydre à deux Têtes

L'Hydre à deux Têtes

Le plan de restructuration dévoilé, c’est le branle-bas de combat chez l’ensemble du personnel politique, candidat à la présidence de la République ou non : Ségolène Royal a rencontré vendredi les représentants des salariés, François Bayrou et Nicolas Sarkozy sont lundi à Toulouse pour apporter leur pierre à l’élan de soutien qui se dessine en faveur du personnel d’Airbus. La première a proposé que les régions participent au capital de l’avionneur, une idée qui a été reprise par 8 présidents de région, conduits par Martin Malvy, à la tête de Midi-Pyrénées. Les conséquences de Power8 en effet seront importantes sur son territoire, puisqu’il estime à 60.000 emplois potentiellement affectés par les problèmes d’Airbus, via 480 PME. Mardi, la candidate socialiste doit se rendre en Allemagne et veut défendre cette initiative auprès d’Angela Merkel. En revanche, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, interrogé dimanche soir sur Europe1, pense qu’il vaut mieux utiliser cet argent pour accompagner les reclassements. Mais pour les deux chefs d’entreprise, Louis Gallois et Thomas Enders, c’est justement l’interférence des pouvoirs publics qui est la source principale des problèmes. L’affaire Clearstream qui a fait couler tant d’encre au printemps 2006 est finalement un bon exemple du tort que peuvent créer une trop grande proximité entre les affaires de l’État et les affaires tout court… Les deux codirigeants plaident pour que EADS et Airbus soient des entreprises normales. Ce qui paraît vrai au sommet semble aussi se vérifier à la base : il n’y a pas d’esprit d’entreprise. Si les syndicats français ont appelé à faire une demi-journée de grève mardi, les allemands ont décidé de reprendre le travail dès lundi.

L’idée alors, était peut-être assez normale :
Pour travailler ensemble il fallait deux patrons,
Et la main dans la main, de concert nous montrons
Que cette Europe innove et devient optimale !

Or la faim de pouvoir est au fond, animale :
Un boulanger fait ce qu’il veut de ses mitrons,
Sinon deux chefs dans un orchestre ont l’air de troncs
Quand ils n’ont plus assez de bras, ils font leur malle…

Quand à Toulouse, on va rester face au portail,
Dès lundi, à Hambourg, on reprend le travail :
S’agit-il franchement de la même entreprise ?

L’Europe en fin de compte est encore un projet,
Le sentiment d’en être, en fait, n’a pas de prise
Et c’est peut-être à ce niveau qu’est le sujet.