Comme un Avion sans Ailes

Comme un Avion sans Ailes

Afin de réaliser 5 milliards d’économies en 3 ans, Airbus va se séparer de 10.000 personnes, voilà ce que les représentants du personnel de l’avionneur vont devoir encaisser aujourd’hui à Toulouse, de la part de leur direction. Mais depuis le 19 février, des fuites ont déjà tracé une esquisse cataclysmique des conséquences du plan de restructuration Power 8 élaboré par Christian Streiff et repris par Louis Gallois après l’éviction du premier. Un débrayage sauvage a eu lieu mardi en fin d’après-midi à Meaulte, où sont notamment réalisés les nez des avions, un site qui pourrait être vendu par l’entreprise. Vendredi, les chefs d’État français et allemand se sont concertés pour accorder leurs violons, et les syndicats se sont réunis hier à Bruxelles pour mettre au point une réponse cohérente dans chacun des pays d’Europe : Peter Scherer, secrétaire général de la Fédération européenne de la Métallurgie, parle d’une journée d’action dans deux ou trois semaines, et peut-être aussi de grève. Les contrats que l’entreprise emporte à l’Extérieur sont souvent liés à une clause d’assemblage dans les pays concernés. Airbus devrait se séparer de quatre sites de production en Europe, Varel et Nordenhamm en Allemagne, Saint-Nazaire et Meaulte en France. Jacques Chirac avait plaidé vendredi pour un règlement équitable du problème et Dominique de Villepin avait exhorté Louis Gallois d’éviter tout licenciement sec, mais les chiffres avancés représentent près de 20% de l’effectif travaillant pour Airbus.

Le plan de l’avionneur est encore un rébus
Que dans les ateliers, c’est déjà la panique !
Le cas de l’entreprise est bien sûr canonique
Et de surcroît, elle est en butte à des abus…

C’était pourtant un grand succès que cet Airbus,
Le pari que l’Europe a parfois la technique
Et les moyens humains de faire aussi la nique
À nos amis anglo-saxons, qu’on juge imbus.

Si les avions seront montés plus tard en Chine,
En France alors, pourquoi faut-il donc qu’on s’échine ?
Ça la fiche un peu mal à deux mois d’un scrutin…

Dix mille emplois en moins, voilà pour la croissance
Qu’on nous promet sans rire et demain c’est tintin :
Tant pis pour les avions, on n’aura plus d’essence !