Sage et Fort en Gueule

Sage et Fort en Gueule

C’est à son mentor à l’université, Pierre Mazeaud, que Jean-Louis Debré va succéder à la présidence du Conseil constitutionnel lundi 5 mars. Celui dont il fut le lieutenant fidèle depuis 1973 l’y rejoindra sans doute après les présidentielles, en tant que membre de droit. C’est l’aboutissement d’une longue carrière politique pour le fils du père de la Constitution de 1958, Michel Debré, qui aura donc pour mission désormais de veiller à ce que sa petite sœur ne subisse pas d’outrages. On peut imaginer aussi qu’il aura un rôle apaisant à jouer si des poursuites trop pressantes venaient à troubler la quiétude du Président sortant ; il n’aura pas d’autorité directe sur l’appareil judiciaire à la tête du conseil des sages, mais cette docte assemblée est au faîte du système politique français. Toujours est-il que pendant son mandat de président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré s’est échiné à faire respecter les droits de la minorité par le plus grand nombre, duquel il est néanmoins issu, en mettant un point d’honneur à ne pas faire subir à l’opposition ce que la majorité d’alors m’avait fait subir lorsque j’étais président du groupe RPR, ce que j’ai très mal vécu. À 62 ans, il devra abandonner tous ses mandats électifs, et s’astreindre à un devoir de réserve, une gageure pour ce fort en gueule qui s’était notemment illustré en présentant son perchoir croulant sous les 137.000 amendements déposés par la Gauche afin de contrer la fusion Suez-GdF.

Sans doute, il est resté cinq ans sur le perchoir :
Présider l’Assemblée est l’honneur de sa vie
Et c’est là, après tout qu’il l’aura bien servie,
La République a-t-elle agité son mouchoir ?

Non, il n’est pas de bon moment c’est vrai, pour choir,
Tant son meilleur ami en mai, n’a pas envie
Que son affaire à ses dépens soit trop suivie,
Qu’une autre autorité ailleurs, doit lui échoir.

Sur les bancs, malgré tout, on l’a dit équitable
Alors, finalement, tout au bout de la table,
Il peut aussi donner du lustre à la fonction !

On doit compter sur lui et sur sa vigilance
Pour rendre hommage enfin à la Constitution,
D’autant qu’il lui faudra œuvrer dans le silence…