Ingrid Betancourt : Double Langage

Ingrid Betancourt : Double Langage

Le 23 février 2002 était enlevée Ingrid Betancourt par les Forces armées révolutionnaires de Colombie, alors qu’elle menait campagne pour l’élection présidentielle dans une région du pays aux mains de la guérilla. C’est à l’occasion du cinquième anniversaire de ce rapt que le président colombien a accordé une interview à trois media français, Le Figaro, L’Express et France2, parce que l’événement a causé une vive émotion dans un pays dont l’otage est également ressortissante, et que les actions pour obtenir sa libération se perpétuent à tous les niveaux. Le site Web du Figaro l’a publiée dès mercredi soir, car Alvaro Uribe apporte plusieurs informations essentielles au sujet de ce délicat problème. D’abord, il affirme qu’il est à présent favorable à un échange humanitaire de prisonniers, et que c’est aussi Jacques Chirac qui l’a fait changer d’avis. Il attaque cependant la France, qui milite pour un tel processus tout en déniant le droit au gouvernement colombien de régler le problème au fond : votre pays ne doit pas seulement se préoccuper de l’accord humanitaire, il doit aussi nous aider à libérer les otages ! De toute façon, laisse-t-il entendre, Ingrid Betancourt n’est plus en Colombie, car elle a été exfiltrée par les guérilleros dans un camp situé dans un pays étranger. C’est grâce aux outils technologiques utilisés par les services secrets français que le président colombien compte la localiser, sur son territoire ou ailleurs, un encouragement à peine voilé en direction du gouvernement français à pratiquer l’espionnage ! Rappelons qu’Ingrid Betancourt a été capturée sur le chemin de San Vincente del Caguan où elle se rendait par la route parce que le convoi héliporté du président sortant Pastrana avait refusé de la prendre en charge. Elle était opposée à l’actuel président Uribe que soutenait Andres Pastrana, et son engagement contre la corruption en faisait la bête noire du personnel politique colombien.

Il est d’accord pour un accord humanitaire,
Et seulement après en avoir discuté
Avec le chef d’État français, qu’il a cité,
Mais la réponse, en fin de compte est militaire.

Car la guerre entretient un climat délétère
Et ceux qu’il doit combattre ont dans la fausseté
Tout fait pour maintenir dans leur captivité
Ces gens qu’ils ont saisis, tel est son commentaire.

Certains des prisonniers sont saufs, sans doute ailleurs
En attendant hors du pays des jours meilleurs,
Alors, comment peut-on solliciter des gages ?

Ce serait à la France aussi d’aller quérir
L’otage : en diplomate, il a bien deux langages
Pour régler la question ainsi, sans coup férir.

 

 

L’interview d’Alvaro Uribe dans Le Figaro.