L’Étoile de Samba

L'Étoile de Samba

Mardi-Gras permet une pause au milieu du carême, une période située à la fin de l’hiver où on s’efforce traditionnellement de manger maigre. Le jeûne est un rite religieux, mais aussi une nécessité physiologique et, malheureusement, économique. La coutume est ancestrale et n’a pas pu être proscrite par l’Église catholique, qui l’a cependant encadrée car elle dégénérait parfois au moyen âge en des bacchanales incontrôlables. C’est en effet à cette occasion que se tient le carnaval, une grande procession débridée qui est resté un événement folklorique dans plusieurs grandes villes, où pour des questions d’organisation ou touristiques, il se déroule pendant trois jours, jusqu’à mercredi : Nice en France, Cologne en Allemagne, et bien sûr Rio de Janeiro au Brésil. C’est parce qu’il se produit dans une cité emblématique de l’hémisphère sud, pendant la belle saison, qu’il a trouvé son symbole dans les rues de l’ancienne capitale brésilienne. Préparé pendant toute l’année par les participants, il démarre d’habitude le dimanche soir dans le Sambadrome, où les treize écoles de samba regroupent leurs 5.000 élèves avant d’en sortir avant le lever du jour pour défiler dans les rues de la ville au son des musiques tropicales et dans un déferlement exhibitionniste de costumes et de couleurs. Il est placé cette année sous le signe des jeux.

Si, pour tout vêtement, un caraco doré
La parait, frémissant dans le soir volubile
Des plumes de l’ara (parement trop futile),
L’enfant resplendissait dans son corps décoré.

Reine du carnaval ! Dans l’air exagéré
De l’hiver tropical, le triste bidonville
N’avait qu’un regard pour la beauté qui scintille
Et caracole au son d’un orphéon moiré.

La foule, ivre de la samba, loue, ingénue
L’adorable impudeur de son idole nue,
Elle innove un rituel apostat, mais sensuel ;

Tandis qu’aux premiers rangs de la danse effrénée,
Vibrante au firmament de ce ban continuel,
Dans la ruelle, à Rio : une étoile est née !