De ce " Jean-Marie Boom " n’est pas né le chaos annoncé, mais un beau réveil d’une jeunesse qu’on avait dégoûté ou éloigné de la politique et d’un certain militantisme ou sentiment national, dans le bon sens du terme, bien sûr.

Même s’il y a bien eu quelques manipulations d’opinion gonflant un peu les chiffres exactes des manifestants, il s’est bel et bien passé quelque chose dans la jeunesse de France " jeune et con " de la chanson de Saez, et Gaëlle le montre très bien, témoin omniscient d’une situation de forte émotion, de cet entre-deux tours qui a fait changer la face de la politique française et qui a été un electro choc nécessaire dans nos consciences.

Dans un ouvrage où les citations sont souvent remplacées par des extraits de chansons, où les témoins ne sont pas issus de panels artificiels mais de la rue, Gaëlle Bohé réinvente le journalisme d’investigation, retranscris une réalité passionnelle, forte et multi-sens avec rigueur et légèreté, générosité, beaucoup d’humanité et de tact aussi.

En lisant cet ouvrage sans sauter aucun passage, car comme pris dans l’élan d’une manifestation populaire et fédératrice, on est touché par le parcours personnel de ces jeunes et de l’auteur en particulier (qui se livre plus qu’elle ne croit) qui nous arrivent par morceaux de puzzles riches de signifiés.

A la fois réflexion sociologique et politique, ce livre construit les bonnes bases nécessaires au débat et à la confrontation publique. A lire pour faire le point avec nous-mêmes et notre propre société, pour tester son degré de tolérance, de partage et de réactivité.

" Génération spontanée : libres propos sur une jeunesse ", Gaëlle Bohé Editions Milan, 139 pages. Préface de Yassir Fichtali.