POUR UNE PROTECTION MONDIALE DES ANIMAUX DE FERME, une eterview de Charles Notin, président de la PMAF

POUR UNE PROTECTION MONDIALE DES ANIMAUX DE FERME, une eterview de Charles Notin, président de la PMAF

On peut se soucier de sauver les pandas et de préserver la biodiversité, tout en mangeant de bon appétit son poulet aux hormones. Je dois dire que c’est un peu mon cas : tout se passe comme si les animaux d’élevage, qui ne viennent au monde que pour faire nombre et remplir nos estomacs, méritaient en conséquence moins de considération que les espèces naturelles, dont plus personne ne doute aujourd’hui qu’elles ne nous soient précieuses…
La poule ou le lapin de batterie seraient-ils des sous-races, dont la destinée industrielle justifierait en toute bonne conscience un mauvais traitement et des souffrances animales d’exception, unanimement condamnées par ailleurs ?
Il suffit de se poser enfin la question pour y répondre non, bien sûr ! et c’est là tout le combat de l’association pour une protection mondiale des animaux de ferme, à qui je donne volontiers la parole !


Rassurez-moi tout de suite, il ne s’agit pas de m’empêcher de manger la poule au pot tous les dimanches ?

Cela dépend si c’est une ex poule de batterie ou une ex-poule de plein-air. Dans ce dernier cas, manger une poule au pot cause moins de souffrance animale que manger du poulet industriel ou des oeufs de batterie.

D’ailleurs, une bonne partie des poules pondeuses en batterie finissent en si mauvais état qu’elles servent à faire des potages, des plats cuisinés ou des pâtées pour chiens et chats

Il s’agit donc d’un discours sur la méthode, avant tout... Et pour ce faire, vous n’hésitez pas à en appeler à la loi, voire à la faire évoluer ?

Il y a ces deux actions : utiliser les lois existantes ; et les faire évoluer, car il y en a besoin. Des pratiques douloureuses d’élevage existent non parce que les éleveurs "s’amusent" à ces pratiques, mais parce que si leurs concurrents appliquent la loi au minimum requis, ils se sentiront obligés d’en faire autant


En quelques mots, quelles sont les grandes missions que vous vous êtes fixées ?

Le but de la PMAF est de mettre fin aux pratiques d’élevage causant des souffrances massives et prolongées (élevage intensif, mutilations, chaponnage, gavage) ainsi qu’à des longs transports d’animaux . La PMAF a aussi pour but d’éveiller l’intérêt du public sur le sort des animaux de ferme (souvent méprisés par rapport à d’autres animaux plus émotionnels ou médiatiques)

Quelques résultats significatifs ?

L’action de la PMAF et de ses partenaires dans plusieurs pays d’Europe a donné certains résultats au niveau européen : directive sur l’élevage des veaux, directive sur les truies (applicable en 2013), directive sur les poules pondeuses (application prévue pour 2012), fin des subventions européennes favorisant l’exportation de bovins vivants au Liban.

Quels sont vos projets en cours ?

Obtenir une directive européenne améliorant les conditions d’élevage des poulets ; obtenir des améliorations de la directive sur les poules pondeuses et empêcher qu’elle ne soit remise en cause ou affaiblie.


Votre association de défense des animaux de ferme existe depuis 1994, mais je crois qu’elle est inspirée d’un mouvement Anglais plus ancien ?

Nous sommes inspirés de "Compassion in World Farming", association de défense des animaux de ferme crée en Angleterre en 1967 par ...un éleveur qui récusait les méthodes d’élevage en batterie ; cette association a été le noyau d’un groupe de plusieurs associations poursuivant le même but dans plusieurs pays d’Europe, dont la PMAF pour la France.

Les Anglais sont capables d’être très extrêmes dans leurs actions de protection des animaux, frisant parfois le terrorisme... Quelle est votre vision de ce nouvel activisme, et du meilleur avenir qui vous paraisse possible pour le militantisme écologiste au sens large ?

Nous récusons totalement les actions frisant le terrorisme. Nous souhaitons que le plus grand nombre de personnes se préoccupe de la condition des animaux de ferme, et les moyens violents ne permettent pas d’atteindre ce but. D’autre part, les éleveurs pratiquant l’élevage concentrationnaire sont-ils individuellement responsables de celui-ci, ou bien ne sont-ils que des gens qui produisent ce qu’on leur achète ? Les responsables de l’élevage concentrationnaire ne seraient-ils pas davantage les consommateurs -et les citoyens ?

Que peuvent faire les lecteurs du Mague désireux de soutenir vos activités ?

Avant tout, être un consommateur qui -s’il consomme des produits animaux- privilégie ceux qui sont obtenus par des méthodes d’élevage les plus humaines. Nous ne prônons pas le végétalisme ni le végétarisme, et au sujet de ce dernier, il faut remarquer qu’il y plus de souffrance derrière des oeufs de batterie que dans un steak provenant d’élevage naturel. Eviter les produits "gastronomiques" cruels : foie-gras, chapons, cuisses de grenouille...

Lorsque l’occasion se présente, médiatiser le plus possible le problème des animaux de ferme : en parler autour de soi, écrire des courriers dans des journaux, réagir (poliment ) quand certains d’entre eux dénigrent ce problème, esaayer de faire sentir aux hommes politiques que certains individus s’intéressent au sort des ces animaux.

Et aussi adhérer à la PMAF (23 Euros)

EN SAVOIR PLUS SUR LE NET : http://www.pmaf.org

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