Rêveuse Bourgeoisie

Rêveuse Bourgeoisie

La fusion des compagnies française Alcatel et américaine Lucent avait en son temps suscité beaucoup d’interrogation. Le groupe de Serge Tchuruk avait réussi tant bien que mal à assurer sa viabilité en supprimant 55.000 emplois en 10 ans, tandis que Patricia Russo se donnait bien du mal à assainir une entreprise encore en pleine restructuration, malgré 30.000 dégraissages entre 2002 et 2005, et une crise au sein du conseil d’administration qu’elle a bien du mal à enrayer. Femme de tête et de caractère, elle entend dissoudre ses difficultés dans une entité nouvelle, qui très vite, se traduit par un nouveau train de licenciements. De l’aveu même des dirigeants, ils visent donc à rationaliser au plus vite des duplications engendrées par ces opérations, à adapter notre modèle à ceux de nos clients (opérateurs et entreprises) et à ajuster nos investissements aux perspectives d’activités. On apprend d’autre part que l’équipementier en télécommunication vient de signer plusieurs contrats en Inde et en Chine de plusieurs millions d’euros pour la fourniture de lignes GSM. En France, où deux sites au moins sont appelés à disparaître, on s’inquiète : dans les pays à bas coût comme la Roumanie, l’Inde ou la Chine, les recrutements augmentent. En fait, ce qui s’est produit avec la fabrication risque de s’étendre à la recherche prévoit la CGT en évoquant les 1468 suppressions de poste. À terme, un emploi sur six est menacé d’ici trois ans dans ce groupe.

Quand on parlait d’unir la carpe et le lapin
Trois mois plus tôt, on ne croyait pas si bien dire :
Un groupe américain vient de se contredire
Et voit pour sa santé que ça sent le sapin.

Son nouveau chef est lui aussi en escarpin,
Il est trempé dans un métal qu’on peut maudire
Mais veut donner le change en cherchant sans mot dire
Un grand’ père à saisir d’un seul coup de grappin.

On a rendu les bans publics en fin d’année,
Mais cette union à contre-emploi n’est pas bien née
Car la corbeille est vide et il faut la remplir…

L’argent afflue, en fait… D’ailleurs il vient d’Asie
C’est un nouveau marché, parfait pour s’accomplir,
Et qui la rend rêveuse ainsi, la bourgeoisie !