L’Homme et la Mer

L'Homme et la Mer

400 kilomètres de littoral souillés, 230.000 tonnes de fuel lourd n°2 émulsionné collectées sur les côtes bretonnes et vendéennes, 180 millions d’euros versés à titre d’indemnisation aux entreprises et aux collectivités pour les dommages causés par la marée noire, des centaines de bénévoles mis imprudemment en contact avec un produit mal défini, telles sont les conséquences du naufrage du Erika le 13 décembre 1999. Sept ans après les faits, alors que les dégâts sont tout juste effacés, s’ouvre le procès des responsables de cette tragédie, où 15 personnes physiques et morales comparaissent pour pollution maritime et complicité de mise en danger de la vie d’autrui. Les débats se tiendront jusqu’au 13 juin, où l’on tentera d’évaluer les responsabilités de chacun des prévenus, parmi lesquels le pétrolier Total, l’affréteur du navire, le responsable de la sécurité au sein du groupe, les armateurs maltais du navire, son capitaine indien Karun Mathur et la société de classification italienne Rina, qui a donné son agrément au tanker. Depuis les années 70’ où le trafic s’est développé de façon gigantesque au départ des champs pétrolifères du Moyen Orient, les catastrophes écologiques s’égrènent sans qu’on parvienne à y mettre un terme. La marine marchande est en crise et l’entretien des bateaux pâtit d’un laisser-faire où la part belle est faite aux pavillons de complaisance. Les États-Unis, qui ont pris des mesures drastiques après la marée noire survenue en 1989 dans la réserve naturelle du Prince William, en Alaska, ont chassé les bateaux poubelles de leurs eaux, et ceux-ci se sont tournés vers d’autres horizons, ainsi l’Exxon-Valdez qu’on a retrouvé dans le terminal pétrolier de Fos-sur-Mer. L’Union européenne réfléchit actuellement à une directive destinée à enrayer ces dérives.

Dis, combien de bateaux viendront sur nos rivages
Cracher leur cargaison de produits dangereux ?
Et combien d’armateurs, pour un prix plus heureux,
En laisseront partir sans songer aux ravages ?

On sait que le commerce a des vertus sauvages :
La soif de l’or qui plaît aux cœurs aventureux…
Guillemots, cormorans, plongeons et macareux
Sont tout noirs d’un habit tissé pour nos veuvages.

Exxon-Valdez, Prestige, Erika, Napoli,
Ces noms font dans nos cœurs un écho aboli
Par celui du prochain qui viendra sur nos côtes.

Rêvez, marins à ces horizons barbouillés
Si vous aimez plutôt le parfum des cocottes,
Mais laissez-nous les bords de mer ensoleillés !