Sarkozy : trahi par les Siens

Sarkozy : trahi par les Siens

Si la campagne de Nicolas Sarkozy démarre en fanfare au moment où celle de sa concurrente désignée s’essouffle après un long parcours du combattant de près de deux ans, lui permettant de caracoler en tête dans les sondages d’opinion, le travail consciencieux des fonctionnaires dépendant du ministère dont il a la charge apparaît de façon un peu trop voyante, voire omniprésente au service des ambitions du candidat à la magistrature suprême. Dans sa dernière livraison, Le Canard enchaîné prétend que les Renseignements généraux se sont intéressés fin novembre au patrimoine du couple que forment le Premier secrétaire du Parti socialiste et la Présidente de la région Poitou-Charentes, jetant le trouble sur les attributions de ce service auquel le gouvernement Jospin avait soustrait l’analyse politique de ses attributions. La Cnil a enregistré la requête de Bruno Rebelle, et s’est déclarée disposée à mettre des moyens en personnel pour accélérer une procédure administrative qu’elle estime à une année environ. On savait l’administration paperassière, mais quand même ! Mardi, Le Parisien révélait le zèle des fonctionnaires du commissariat de Neuilly dans une affaire de scooter volé, nécessitant un prélèvement et une analyse ADN, un moyen d’enquête théoriquement réservé à certains crimes, mais la victime est l’un des fils Sarkozy. Mercredi, c’est le Nouvel Obs. qui rapporte le déploiement policier rue d’Enghien dans le Xème arrondissement de Paris, où se situe le siège de campagne du candidat : c’est intolérable. Nous avons le sentiment d’être dans la Cité interdite, mais surtout d’être sous le contrôle d’un Big Brother qui s’appelle Nicolas Sarkozy raconte une habitante du quartier dans les pages de l’hebdomadaire. L’homme, qui avait accepté le ministère de l’Intérieur en juin 2005 pour se prémunir des mauvais coups chiraquiens, apparaît de plus en plus desservi par une organisation par trop envahissante. S’il s’en défend en stigmatisant l’inanité de la polémique, je suis ministre de l’Intérieur depuis 2002, il n’y a donc jamais eu quelque scandale que ce soit ; et tout ceci, chacun le comprend bien, c’est pour faire diversion parce que la candidate socialiste se trouve très mal après un certain nombre de déclarations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles furent étonnantes, et qu’il faut faire un rideau de fumée, le trouble s’empare peu à peu des esprits, qui s’interrogent sur la vraie nature d’un homme si peu discret.

La police est bien faite et veille au grain partout
Puisqu’un scrutin de taille au printemps nous convie
À porter au pinacle un homme et une envie :
Du coup, il ne faut pas omettre un seul atout.

Son ouvrage est de ne rien négliger, surtout
Quand la coda, en mai c’est le choix de sa vie !
Il est normal que son ardeur soit bien servie
Par tout son ministère aussi, un point c’est tout.

S’il s’est saisi sans mal d’un pouvoir qu’on lui nie,
C’est pour parer avec succès toute avanie :
Le portefeuille est fait pour se mettre à l’abri.

Mais sa légion s’altère un peu à son image,
Et le peuple indécis prend un air assombri
De voir le bleu foncé peindre enfin son plumage.