"Si j’étais moi..." de Régis Floury

"Si j'étais moi..." de Régis Floury

"Moi j’écris comme j’aime bien lire ! Et loin d’être à la plume, moi j’aurais l’foin qui traîne un peu. Rien à voir avec tous ces talents."
Tout est dit dans cette phrase étrange, poétique et inventive que l’on trouve au début du roman de Régis Floury. Sortir des cadres de la littérature interchangeable, offrir une voix, un rythme, et un oeil différents qui nous content le monde avec d’autres codes et un langage audacieux, sans compromis, voilà les enjeux de cet ouvrage.
"Si j’étais moi..." est un livre expérimental, dérangeant, désarçonnant qui nous fait perdre nos repères pour mieux retrouver la vérité de son auteur.

Un récit de voyage en caméra embarquée à l’intérieur d’une sensibilité exacerbée, voilà le concept de ce livre hors norme à la prose poétique qui s’interroge sur une nature humaine qu’on a peu lu dans les productions modernes.

"J’ai l’horreur en col de chemise. Je suis comme le soir en porte à faux". Certaine formule résonne comme des citations intemporelles qu’on pourrait attribuer aux plus grands auteurs.

Il est très diificile de retranscrire la beauté, l’élégance, l’exigence des mots et la justesse des sentiments évoqués et mis en scène dans "Si j’étais moi.." qui fonctionne comme un cri dans la ville, la profession de foi d’un jeune auteur prometteur.

On entre dans le texte comme dans un tourbillon de syntagmes précieux qui produisent une musique planante et originale qui fait du bien à la Littérature.

On suivra avec intérêt la carrière de plume de Régis Floury. Lire "Si j’étais moi...", c’est assister aux premiers pas d’un véritable écrivain et c’est assez rare de nos jours pour le souligner !

Si j’étais moi... est le récit d’un voyage, d’une cavale, d’un exil. De la Bourgogne à la Hollande, les halls de gare sont peuplés de fantômes en transit, les trains ne mènent nulle part.
Le criminel entame une quête désespérée pour retrouver, derrière l’ivresse du voyage, l’épaisseur du réel : « Il me faut une lame pour tailler le monde, et merde ! Un grand coup de schlasse dans toute cette buée ! Le réel c’est autour de nous mais c’est si mystère qu’on veut pas le mirer. C’est là, devant le pif, ça se sent dans le rêve et c’est partout. »
La langue est haletante, la phrase se brise, à bout de souffle, pour s’arrêter sur une ultime condamnation. Le voyageur comparaît devant ses juges.
Mais pour quelle faute au juste ? Réduit au silence et à la camisole, il ne reste qu’à s’inventer là où les mots ont échoué : « Si j’étais moi, ce serait les blancs entre les lettres. »


Si j’étais moi..., Régis Floury, Editions Hermaphrodite, novembre 2006

Si j’étais moi... est le récit d’un voyage, d’une cavale, d’un exil. De la Bourgogne à la Hollande, les halls de gare sont peuplés de fantômes en transit, les trains ne mènent nulle part.
Le criminel entame une quête désespérée pour retrouver, derrière l’ivresse du voyage, l’épaisseur du réel : « Il me faut une lame pour tailler le monde, et merde ! Un grand coup de schlasse dans toute cette buée ! Le réel c’est autour de nous mais c’est si mystère qu’on veut pas le mirer. C’est là, devant le pif, ça se sent dans le rêve et c’est partout. »
La langue est haletante, la phrase se brise, à bout de souffle, pour s’arrêter sur une ultime condamnation. Le voyageur comparaît devant ses juges.
Mais pour quelle faute au juste ? Réduit au silence et à la camisole, il ne reste qu’à s’inventer là où les mots ont échoué : « Si j’étais moi, ce serait les blancs entre les lettres. »


Si j’étais moi..., Régis Floury, Editions Hermaphrodite, novembre 2006