1. Bonjour Tété. Votre troisième album, « Le sacre des Lemmings », a un titre qui doit en intriguer plus d’un. Laissons aux curieux lire les explications qui sont données dans le livret vendu avec et osez me dire, plutôt, quels sont les hommes ou les femmes politiques qui menaceraient actuellement notre groupe d’humains ?
A mon sens, le pire ennemi de l’humanité réside avant tout en la propension qu’ont les Hommes à ne pas retenir les leçons de l’histoire.
2. « Et il dit : Maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères ! » Genèse 9.25.
Est-ce à cette phrase que vous faites référence sous le titre de la première chanson, « Fils de Cham » ? Vous m’expliquez ?
Je souhaitais depuis longtemps écrire une chanson qui parlerait de la situation des Noirs dans le monde. En ces temps troublés, il est certains sujets particulièrement délicats à aborder parce qu’ils suscitent trop de passions.
Il me fallait donc trouver un angle suffisamment distancié qui me permette d’aborder ce sujet avec le recul qui convient, d’où mon choix.
3. Diriez-vous que cet opus est un coup de poing sur la table que vous assénez plus fortement qu’à votre habitude, histoire de faire comprendre à vos semblables qu’il est grand temps de réagir et de faire un peu plus attention à l’autre ?
Je dirais juste que cet opus est un disque citoyen qui aborde à mots couverts quelques-unes des grandes questions de notre temps en laissant libre choix a chacun d’interpréter ces chroniques comme il l’entend.
4. Dans « La relance », sur fond d’un joli menuet, vous rendez compte de ce qu’il se passe au niveau de l’économie nationale. Vous priez Bonaparte, un des plus célèbres hommes de l’Histoire, responsable de la mort de milliers d’autres : « Exauce nos prières/ Et fais que nos lumières/ Brillent à nouveau/ Comme naguère ». Qu’entendez-vous exactement par-là ?
Dans la chanson le narrateur va se recueillir sur la tombe de Bonaparte en lui priant donc de rendre au pays la grandeur et l’influence qui fut un jour la sienne (grandeur économique s’entend et pour ce qui est des lumières, je fais référence à cet esprit qui a influencé les plus grandes démocraties de ce qu’il est convenu d’appeler le « monde civilisé » ). J’ai choisi Bonaparte parce qu’il me fallait une figure communément admise par le plus grand nombre.
5. Et si, je vous pose votre propre question « Qu’auras-tu fait de ta vie, l’ami de tes vingt ans ? » (« Comme feuillets au vent »)
sourire clin d’œil
6. Quand j’écoute « A la vie, à la mort », je pense à une vieille chanson à boire du XVIIème siècle ou mieux encore aux « Bijoux » de Baudelaire, à la mélancolie et aux violons de Verlaine, aux Illuminations de Rimbaud. Si je vous appelle mon troubadour, seriez-vous vexé ?
Absolument pas. Il me semble que quand on propose quelque chose, le plus beau cadeau qu’on puisse vous faire est de se l’approprier !Il ne m’appartient pas de dire aux gens quelle est ma meilleure façon de s’approprier mon travail-si tant est qu’il y en ait une.
7. « A flanc de certitudes » raconte votre souffrance d’avoir été enfant immigré face aux moqueries des autres. Aujourd’hui, pensez-vous que les comportements ont évolué ou que jamais rien ne changera ?
C’est une chance quand on propose quelque chose, de pouvoir avoir accès a des tribunes administrées par d’autres (c’est à dire vous ! ;-) )pour parler de mon travail. A coté de ça, je n’ai pas vocation à exprimer mes convictions personnelles. Il me semble en outre plutôt juste, que ces sujets restent confinés à la sphère strictement privée.
8. Finalement, Tété, êtes-vous quelqu’un de cynique, de blasé ? Une personne qui broie du noir à longueur de journée ou qui rit d’une simple blague ?
Bbbbrrr.. Il me semble que le pire ennemi de l’homme (pour revenir à la question de tout à l’heure) est l’amertume, la perte d’enthousiasme, qui font justement le lit du cynisme, après lequel plus rien n’est possible.
9. Vous baladez-vous perpétuellement avec votre guitare pour écrire vos ballades ?
Ca dépend. (^-^)
10. Je vous remercie d’avoir répondu à mes questions et j’aimerais bien descendre le Mississipi sur un bateau à aube en votre compagnie mais pour commencer ou plutôt pour finir, je vous offre les mots de la fin…
Et bien merci d’avoir pris de votre temps pour réaliser cette petite interview. Bonne journée a vous !
* paroles de Tété
Crédits photos Lisa Roze
Le sacre des Lemmings, Tété, Sony BMG
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