LA BRASSERIE DE L’ILE SAINT-LOUIS

LA BRASSERIE DE L'ILE SAINT-LOUIS

En flânant derrière la Cathédrale Notre-Dame de Paris, j’ai traversé le pont du bras de Seine, qui sépare l’Ile de la Cité de l’Ile Saint-Louis, pour me retrouver dans une sorte de bateau qui semble flotter sur un fleuve plein d’histoire et qui à des airs d’île aux trésors, jonchée çà et là de boutiques plus attirantes les unes que les autres.

Le dépaysement est total et la vie, ici, à un goût de paradis. Les échoppes attirent les yeux des enfants que nous redevenons le temps d’une promenade, émerveillés par le scintillement des vitrines aux décors d’autrefois.

A l’angle du Quai d’Orléans et de la rue Jean de Bellay, je suis entraîné vers l’entrée d’une brasserie d’où sortent des effluves de charcuterie et de chou. Je consulte l’affichage extérieur, dont les prix me paraissent grandement raisonnables, et décide de pénétrer à l’intérieur du restaurant. L’accueil y est convivial et le personnel s’y active comme à l’intérieur d’une fourmilière. Le bar est en zinc et le décor semble imprégné des traces du siècle dernier, ainsi que du passage furtif de quelques célébrités de cette île aux poètes. Le directeur de l’établissement est un homme jeune et élégant qui vous salue avec distinction. Il est abrité derrière son minuscule comptoir d’où partent toutes les additions d’une clientèle très cosmopolite.

Je m’installe sur une chaise en bois et on m’apporte la carte, car ici pas de menu. En attendant de faire mon choix, je sirote un apéritif et discute avec un serveur à l’ancienne. L’homme est un roman à lui seul, un personnage tout droit sorti d’un livre à la Frédéric Dard. Il a une "gueule" de second rôle pour le cinéma, dans le genre Robert Dalban. Il est vêtu comme les garçons de café époque 1900, avec chemise blanche et nœud papillon, gilet noir à emplacements multiples d’où sort une chaîne reliée à un limonadier, pantalon et souliers noirs, puis sarrau blanc à large poche ventrale. Il m’apprend que la "Brasserie de l’Isle Saint-Louis" est un établissement de conception alsacienne et qu’il est plus que centenaire. Il oriente mon choix indécis, vers une choucroute maison à laquelle j’associe un pot de bière ce 50cl. Une jolie nappe, à carreaux rouges et blancs, recouvre ma table sur laquelle est posée une serviette du même tissus (enfin une vraie serviette ! me dis-je).

Au bout d’un quart d’heure, le garçon m’amène une monstrueuse assiette fumante qu’il place sous mon nez. Je ne sais par quoi commencer, tellement les charcuteries et les viandes me paraissent bonnes. Sur un lit de chou blanc aux saveurs parfumées de grains de coriandre, sont posés deux petits boudins dont un blanc truffé et un noir goûteux, une saucisse de campagne, une saucisse de Strasbourg, de la poitrine de porc, une belle tranche de lard, un morceau de jarret, une tranche de saucisson à l’ail et une pomme de terre. Le chou n’est pas acide et à peine salé. Quant à la bière, elle est légère et garde sa fraîcheur tout au long du repas, grâce à cet inventif pot en grès. Vient ensuite un munster fermier semé de grains de cumin aux notes anisées et je termine le tout par un vrai baba au rhum bien imbibé, accompagné d’une crème fouettée délicate. La note est très correcte et le séjour inoubliable.

A mon avis, et après avoir essayé de nombreuses brasseries alsaciennes, j’ai envie de dire que je viens de déguster une des meilleurs choucroute de Paris.

D’après la comédienne Marthe Mercadier et ma chère journaliste Claude Sarraute, qui fréquentent cet établissement, on y mange également un des meilleurs foie de veau qui soit.

Il serait malheureux de visiter la Capitale, sans aller prendre pension quelques temps dans ce bel endroit.

LA BRASSERIE DE L’ISLE SAINT-LOUIS

55, Quai de Bourbon

75004 PARIS

Tél. 01 43 54 02 59

Fax. 01 46 33 18 47

Fermé le mercredi et en août