S.O.S.

S.O.S.

Le bilan de la tempête Kyrill s’alourdit encore à l’heure où nous écrivons ces lignes, et l’on déplore déjà une quinzaine de décès dans les différentes régions de l’Europe du Nord où elle a sévi, des dizaines de milliers de foyers privés d’électricité, des liaisons ferroviaires et aéroportuaires suspendues, des dégâts matériels impressionnants qui restent à évaluer. La toiture en verre de la gare centrale d’Amsterdam a été en partie arrachée, obligeant les autorités à interdire l’édifice au public. Des toits ont été emportés, des pylônes et des arbres abattus, des véhicules déportés, causant des accidents. Ce phénomène, que Météo France considère comme normal une ou deux fois par an, est cependant remarquable par la longue durée des vents forts qui lui sont associés. La perturbation doit s’affaiblir vendredi, mais l’alerte a été maintenu jusqu’à cette date dans l’enclave russe de Kaliningrad, située sur la mer baltique. Plusieurs navires se sont retrouvés en avarie machine en Manche et en mer du Nord, et le MSC Napoli a dû être abandonné par son équipage après avoir lancé un appel de détresse à 11:30 au large de l’île d’Ouessant. Il a sans doute heurté un objet dérivant, car sa coque s’est déchirée à tribord, et l’eau a inondé la salle des machines. L’Abeille Bourbon a immédiatement appareillé de Brest pour lui porter assistance, tandis que les marines française et britannique ont envoyé chacune deux hélicoptères pour récupérer les 26 marins qui se sont réfugiés dans un canot de sauvetage. Alors que les hommes ont pu être sauvés, les possibilités d’intervention sur le navire risquent d’être très difficiles en raison de conditions météo exécrables, selon la Préfecture maritime. Le porte-conteneurs qui transporte également des matières dangereuses, est en train de s’enfoncer en dérivant vers les îles britanniques, et l’on a déjà remarqué des fuites de carburant.

Un coup de vent suffit et l’eau sous le navire
Nous frappe et nous secoue encore un peu plus fort,
Ce grain, il souffle au moins à dix degrés Beaufort,
Je n’en vois que l’écume, aussi mon cœur chavire…

On dérive au milieu des cailloux : "allez, vire" !
La barre est molle, alors il nous faut du renfort,
Au secours, la machine a exclu tout effort !
"Va, balance un canot, largue avec la trévire"…

Kapout en un clin d’œil, ce gros tonneau de fer,
Y’a pas, il nous aurait conduit vite en enfer :
Regardez-moi ces creux qui font bien leurs six mètres.

Ici, partout, ce sont de gros paquets de mer,
L’hélico est venu nous soustraire à nos maîtres,
L’aventure a pris fin, j’en garde un goût amer.