L’Europe à l’heure allemande est toujours bloquée par les rejets français et néerlandais de 2005, une situation que la chancelière Angela Merkel n’a pas l’intention de voir perdurer. En s’adressant mercredi aux députés européens, elle a averti mercredi du risque d’un échec historique si les 27 n’arrivent pas à sortir de leur impasse institutionnelle d’ici 2009, lorsqu’il faudra organiser les prochaines élections européennes. Pour le moment, elle a prévu d’œuvrer dans l’ombre, en abordant la question dans les échanges bilatéraux : nous sommes dans la phase où chacun a eu assez de temps pour réfléchir ; nous allons discuter avec les différents États membres et voir quels problèmes spécifiques ils ont avec la constitution. Pour elle comme pour le nouveau président de cette assemblée, son compatriote Hans-Gerd Pœttering, il est nécessaire de conserver la substance du projet, sans se satisfaire d’un mini-traité comme l’a proposé Nicolas Sarkozy. Si des avancées significatives ne sont pas envisagées dans ce sens avant les élections présidentielles en France, Angela Merkel a trouvé un écho dans la voix de Ségolène Royal qui s’exprimait également mercredi sur ce sujet au Luxembourg, et s’est déclarée prête à prendre des risques politiques afin de ne pas pénaliser le processus de construction européen. Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait un volet social et que les droits des travailleurs soient pris en considération en Europe a précisé celle qui avait milité pour le Oui au référendum, un point de vue que paraît partager le chef du gouvernement allemand, en reconnaissant que sur certains points les citoyens ne voient pas quelle est la valeur ajoutée du traité. Ces convergences nouvelles pourraient bien se traduire dans les prochaines semaines par une alliance objective au détriment du camp libéral en France.