Claude Ribbe veut porter plainte contre Alain Finkielkraut

 Claude Ribbe veut porter plainte contre Alain Finkielkraut

Le 12 décembre 2006, Alain Finkielkraut, qui venait juste d’apprendre que les poursuites engagées contre lui par une association pour ses propos racistes avaient été déclarées irrecevables par la 17e Chambre du tribunal correctionnel de Paris, s’en est pris publiquement à moi d’une manière raciste et absolument insupportable. Peut être était-ce une façon de commémorer à se manière le premier anniversaire de l’attaque générale coordonnée le 12 décembre 2005 par ses amis Pierre Nora et Patrick Gaubert. (*)

Au lendemain de la manifestation à la mémoire d’Ilan Halimi, Alain Finkielkraut m’accusait déjà d’être presque responsable de la mort accidentelle du gendarme Raphaël Clin, survenue le 12 février 2006. Il me faisait porter la responsabilité de l’ « amertume » de l’armée française face à ce qu’il appelle le « racisme anti-blancs », étant bien entendu que, selon Alain Finkielkraut, l’armée française serait, comme en 1802, réservée aux « blancs ». Ces propos étaient développés dans un article particulièrement haineux publié dans Le Figaro du 2 mars 2006 sous le titre La France et l’irruption de la férocité, où le rôle des « féroces » et des « barbares » était joué par des gens qui n’avaient en commun que d’être « noirs » aux yeux de M. Finkielkraut :

« Imaginez la stupeur et l’amertume des gendarmes de Saint-Martin, mais aussi de tous les militaires. La France a commémoré du bout des lèvres la bataille d’Austerlitz ; Claude Ribbe, l’écrivain qui fait de Napoléon l’inventeur des chambres à gaz, a été récompensé par une nomination à la Commission nationale consultative des droits de l’homme ; et voici qu’un gendarme de 31 ans est victime, dans l’exercice de ses fonctions, d’un lynchage passif digne des prouesses du Ku Klux Klan. »

Cette instrumentalisation de l’accident de Saint-Martin, qui n’a absolument rien à voir avec la vérité, était destinée à accréditer une thèse raciste.

Mais voici qu’Alain Finkielkraut, encouragé par l’impunité dont il bénéficie et aussi par les propos de ses émules, Georges Frêche et Pascal Sevran, se débonde le 12 décembre 2007 en apprenant que je suis candidat à l’élection législative dans la huitième circonscription du Val d’Oise contre Dominique Strauss-Kahn.

Alain Finkielkraut voit en moi un « noir ». Il ne supporte pas qu’il y ait des « noirs » dans l’équipe de France de football : « On nous dit que l’équipe de France est admirée parce qu’elle est black-blanc-beur. [...] En fait, aujourd’hui, elle est black-black-black, et on se moque de nous dans toute l’Europe. » (interview donnée au journal israélien Haaretz et publiée le 17 novembre 2005). Il tolère encore moins qu’il y ait des « noirs » à l’assemblée nationale. Surtout pour représenter une circonscription où vit une importante communauté juive. L’idée d’un juif votant pour un « noir » apparaît absolument insoutenable à Alain Finkielkraut.

Alors, il me traite de « normalien noir » et, de ce simple fait, accuse mon dernier ouvrage d’antisémitisme.

Voici la retranscription de ce qui a été enregistré le 12 décembre et diffusé ensuite sur RCJ :

« - Nous avons appris, Alain Finkielkraut et moi-même, aujourd’hui, que la personne qui allait affronter Dominique Strauss Kahn lors des élections législatives s’appelle Claude Ribbe. C’est une information étonnante de savoir qu’il va porter les couleurs de François Bayrou…

- Oui, je crois qu’il faut parler de ce problème : Claude Ribbe et d’autres – parce que cela fait partie de la nouvelle configuration de la haine, cette haine dont je parlais tout à l’heure et qui n’est pas, justement éteinte par la mémoire, le devoir de mémoire comme on dit, mais au contraire exacerbée, alimentée par celui-ci. Claude Ribbe , qui est normalien – noir ! – a publié, il y a quelques mois un livre, qui a rencontré malheureusement un grand succès, intitulé Le Crime de Napoléon. De ce livre, il ressortait que, non seulement Napoléon avait rétabli l’esclavage, mais qu’en plus il avait inventé les chambres à gaz…

- Qu’il a rétabli l’esclavage, c’est vrai…

- Oui, mais il avait inventé les chambres à gaz, donc, dans les bateaux qui emmenaient les esclaves. Et ce livre a été très critiqué par les historiens, notamment Pierre Nora et c’est un livre de haine parce que c’est un livre, justement, inspiré si vous voulez, par une sorte de rage victimaire, une manière quand même de dire aux juifs qu’ils occupent indûment la place de la victime et que celle-ci revient aux descendants d’esclaves, descendants parfois d’ailleurs autoproclamés »

Le Crime de Napoléon est un pamphlet, soit, mais n’est pas un livre de haine contre qui que ce soit. Encore moins un livre reprochant quoi que ce soit aux juifs. Bien au contraire, j’y écris que les héritiers des victimes de tous les crimes contre l’humanité, quelle que soit la couleur de leur peau « sont liés par une fraternité de souffrance que l’histoire leur a imposée ». J’ai toujours combattu le racisme et l’antisémitisme et je trouve les accusations infondées d’Alain Finkielkraut absolument révoltantes.

La loi du 16 octobre 1791, qui a précédé la République et l’abolition de l’esclavage, énonce un principe fondamental. Elle dispose que tous les citoyens français ont les mêmes droits « sans distinction de couleur ». Il n’y a en France pas plus de « normaliens noirs » qu’il n’y a de « normaliens juifs ».

Les propos diffusés par RCJ sont clairement diffamatoires et racistes. Leur but est indéniablement de susciter des affrontements entre Français. C’est la raison pour laquelle je viens de demander à Maître Gilbert Collard, mon avocat, qui a immédiatement accepté vu les faits, de déposer plainte contre Alain Finkielkraut.

Il me semble, par ailleurs, inadmissible qu’un raciste invétéré continue à disposer d’une tribune à France Culture ainsi que d’une chaire qu’à l’École polytechnique. Un homme qui avoue être capable de distinguer des polytechniciens « noirs » parmi ses élèves est indigne d’enseigner.

Alain Finkielkraut est rongé par le racisme et la négrophobie. Jusqu’ici, il a bénéficié d’une totale impunité et il continue à diffuser son idéologie nauséabonde dans les médias et dans une grande école prestigieuse. L’expérience montre que cette impunité l’incite à persévérer et à rendre plus violente encore l’expression publique de ses préjugés. J’en appelle aujourd’hui aux journalistes, aux écrivains, aux intellectuels et plus généralement à tous ceux qui refusent que le pays des droits de l’Homme et de la fraternité soit, demain, totalement corrompu par le racisme. J’en appelle également aux politiques, aux ministres de la Défense et de l’Éducation nationale qui emploient M. Alain Finkielkraut, ainsi qu’au directeur de France Culture. J’en appelle aussi à la direction de RCJ qui a engagé sa responsabilité en diffusant ces propos scandaleux et qui offre à cet idéologue de la haine une tribune régulière.

Claude Ribbe

Pour écouter les propos de M. Finkielkraut diffusés sur RCJ, cliquer ici et aller à la fin du fichier à 55.56

Le texte de l’article publié dans Le Figaro du 2 mars 2006

(*) Le 12 décembre 2005, tandis que Patrick Gaubert se plaignait dans une lettre publique au Premier ministre de ma nomination à la Commission nationale consultative des droits de l’Homme parce que j’avais écrit un livre « comparant Napoléon à Hitler », Pierre Nora, le même jour, tout en lançant par ailleurs une pétition au nom de la liberté de l’Histoire, me traitait de « quidam » dans Le Monde et parlait d’une nomination « par aberration » à la CNCDH, reprenant ainsi le mot du général raciste Thiébault qui disait du général Dumas qu’il avait été nommé à ce grade « par aberration ». Thiébault, plus indulgent que l’Académicien, ajoutait quand même dans ses Mémoires : « C’est le seul noir à qui j’aie pardonné sa peau. »