On dirait le Sud le temps d’un instant !

On dirait le Sud le temps d'un instant !

Il y a une idée plaisante et insolite de folie douce, doublée d’une énergie jubilatoire, rarement observée, dans ce roman générationnel made in Grand Sud « avé » l’accent que l’on trouve sous la plume et les graffitis obsessionnels, délirants, surréalistes et humanistes de François Rall.

Il y a surtout un rythme, une force langagière, trépidante, essoufflante, mais jamais facile ni lassante dans un ouvrage original et maîtrisé en forme de flyer, un « flow » réjouissant qui tel un rouleau à compresseur lettré écrase le sordide, le glauque et le laid. Une compression artistique en forme de bronze débonnaire aux odeurs de pastis et de shit jusqu’aux bout des nuits chaudes.

François Rall est dans la place, il témoigne d’une époque en forme de clip vidéo dont la littérature se devait de garder l’empreinte particulière ; ni triste, ni démagogique, ni misérabiliste, ni donneuse de leçons ni prosélytisme. Le ton parcellaire, la structure en puzzles du roman était le bon découpage. L’affaire est rondement menée sans embrouilles, aucunes.

La modernité est là ; écrire un livre qui nous rappelle des impressions musicales, plonger de tout son corps dans les référents cathodiques comme on se rappelle des films de genre ou des écrits d’auteurs, se comprendre sur le jeu de la connivence des enfants de la télé et d’autres choses encore. Créer une cosmogonie participative et nostalgique avec quelques codes admirablement bien choisis.

Rall sait planter les décors, sait donner les clefs des bonnes R12 déglinguées pour qu’on puisse allégrement le suivre dans ses courses folles dans le vent hasardeux du non hasard programmé qui se marre.

Bienvenue dans un univers parallèle, Castelgnon-le-Lez cité mal famée qui est branchée sur petit écran 24 heures sur 24 et qui nous parle mieux que Raffarin de la France qui s’ agite.
S’échapper par l’art en oubliant toutes les lois, triompher du petit en étant grand et généreux dans son palpitant intérieur. Rall a écrit un hymne saisissant, un jeu intellectuel qui fait wraoummmm.

« Suicide Artistique » est un conte moderne parfois cruel, grinçant, toujours juste, intelligent avec l’humour du désespoir qui ne s’embarrasserait pas de questions inutiles.
Les pages compactes sont emplies de trouvailles, on ressort plein de cambouis d’un moteur poussif et vieillot, les tympans malmenés par des rythmes sourds. L’écrivain observe, le poète joue des accords majeurs de petit branleur, et vogue la galère de la misère sexuelle post adolescente « Quand je tire la langue/ Ton petit clito’ rit ».

Un ovni qui plaira à tous les banlieues, qui fera rire celle de St Germain et donnera une voix motivées et digne à cette France d’en bas à casquette qui s’échappe du morose en cultivant l’underground de l’art. Ca ne sent pas toujours la rose, mais c’est là que les gens sont les plus vivants, touchants dans leurs questionnements.

Un « suicide artistique » qui donne du sens et de l’essence au-delà de toutes les morts cliniques, Une NDE en forme de « Road moavie décalé ». Un régal contre les vermines. Délicieusement plus politiquement incorrect qu’il n’y paraît.

Découvrez le livre "Suicide artistique" sur manuscrit.com

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