Au sommet de l’État, on aime aussi s’échanger des vœux, quand bien même on serait à couteaux tirés. Langue de bois ? Pas forcément, puisque c’est l’occasion d’aborder à mots couverts les lignes de front et les futurs combats à engager. Pour Jacques Chirac, le protocole a débuté mercredi avec le salut au couleurs dans la cour d’honneur de l’Élysée, suivi d’une prise d’armes de la Garde républicaine, avant de recevoir les membres du gouvernement qui sont venus à pied depuis la place Beauvau où ils avaient pris un petit-déjeuner offert par leur collègue de l’Intérieur. C’est évidemment lui qu’a visé le Président, en dénonçant la tentation de la table rase et en réfrénant les ardeurs de ses partisans à se livrer sans retenue au débat public : il faudra le faire dans le cadre d’un principe clair, cet engagement dans le débat électoral ne saurait en aucun cas s’exercer au détriment de votre mission gouvernementale. Il a également prévenu qu’il ne se mettait pas en réserve de la République : j’aurai l’occasion de m’exprimer, de fixer les enjeux et d’éclairer le choix des Français, un engagement qu’a repris en forme d’écho le Premier ministre, en rappelant que l’expérience gouvernementale est précieuse, elle permet de repérer les forces et les faiblesses de notre pays, ses atouts dans la mondialisation, mais aussi ses retards et ses insuffisances ce pourquoi le gouvernement a un devoir de vérité et doit éclairer les Français sur de nombreux sujets, qu’il ne compte pas laisser en jachère avant les échéances. Les services de Matignon ont d’ailleurs fait savoir mercredi soir qu’un texte définissant les modalités du droit au logement opposable serait présenté avant quinze jours, le 17 janvier prochain, une promesse du chef de l’État faite au peuple le 31 décembre à la télévision. Le protocole des vœux se poursuivra jusqu’au 11 du mois avec les vœux à la presse, puisque Jacques Chirac s’adressera jeudi aux forces vives, vendredi au corps diplomatique, lundi aux armées et mardi aux Corps constitués ; il ira le week-end présenter ses vœux dans son ancien fief électoral de Corrèze.