ANDRE GATEAU : 10 ANS DEJA...

ANDRE GATEAU : 10 ANS DEJA...

Il y a des anniversaires dont on se passerait bien. Cette année sera celle du dixième anniversaire de la mort d’André Gateau. Un anniversaire qui ne sera pourtant guère célébré. Ce grand poète lyrique est encore largement méconnu. Mais il n’est jamais trop tard pour réparer une injustice.

Quand on parle d’André Gateau, c’est souvent en rappelant qu’il était ouvrier métallurgiste. Avec une petite moue de complaisance ! Car un poète ouvrier, ça fait toujours démago. Ce n’est pas facile de se débarrasser des étiquettes. Elles vous collent à la peau. Les étiquettes, c’était pourtant ce qu’André Gateau détestait par-dessus tout. Il était poète. Rien d’autre. Et, pour vivre, il exerçait un métier d’ouvrier. « Ce fut un choix délibéré. Spinoza, pour assurer sa liberté, polissait des verres optiques. Moi, à la sortie de la guerre, j’ai balayé des wagons de marchandises puis je suis rentré chez Mors comme affuteur. Ce fut le prix de ma liberté ».
Liberté de son langage. Liberté de son allure : il ne se la « jouait » pas avec ses bretelles à l’ancienne mode et ses grosses lunettes, derrière lesquelles ses yeux pétillaient de bonté et d’intelligence. André Gateau était simplement toujours lui-même. Cet homme, modeste et courtois, se passionnait pour la philosophie, surtout la philosophie orientale. Il essayait, disait-il (tout en précisant qu’il ne prétendait pas y être arrivé et, chez lui, ce n’était aucunement de la coquetterie !) de créer de la beauté. Car « Les mots en disent toujours plus que ce que vous voulez dire ».

Il est d’ailleurs toujours resté fidèle à la petite ville bourguignonne où il vivait. « Je n’ai jamais aspiré à la notoriété. Si j’avais voulu être connu, je ne serai pas resté dans une petite ville. Ça ne m’intéressait pas de n’avoir des contacts qu’avec des poètes ou des écrivains. Pour moi la poésie procède d’une démarche spirituelle » expliquait-il. quand on l’interrogeait à ce propos
Une dizaine de livres chez des éditeurs exigeants comme Seghers et Obsidiane ont ponctué le parcours de celui qui n’écrivait pas « spécialement dans le but d’être publié ». Etiemble, qui était devenu son ami, dut d’ailleurs lui demander son autorisation pour le citer dans la préface d’un volume de la prestigieuse collection de la Pléiade. Ce qui intéressait André Gateau, c’était avant tout une pensée qui « donne accès à la perception de l’universalité de la vie, à une pensée qui ne sépare pas l’homme de l’univers ».

Un grand poète à découvrir ou redécouvrir !

(Normalement) encore disponible : La poésie, encore aux éditions Obsidiane

(Normalement) encore disponible : La poésie, encore aux éditions Obsidiane