Alors que non loin de Bercy et de la place Beauvau les Sans Domicile Fixe sont l’objet des attentions conjuguées de la Préfecture de police et des bobos du star-system, le candidat de la rupture est allé tranquillement parler à la France qui souffre dans le département des Ardennes, particulièrement sinistré ces derniers temps. Nicolas Sarkozy a donc fait à rebours le voyage que fit à pied le jeune Arthur Rimbaud en 1871, qui lui inspira quelques uns de ses plus fameux poèmes. Il était donc assez normal que nous empruntions au style du second pour rapporter les intentions du premier dans un contexte qui n’est pas sans rappeler un régime en déroute après l’invasion prussienne. Dans ce département quelque peu enclavé, où le chômage atteint 13% de la population active, les conséquences des délocalisations ont fait de nouveaux ravages, entraînant avec elles un parfum de scandale, et les rigidités technocratiques de la politique agricole commune n’ont pas permis de développer ce terroir accidenté, au particularisme mal connu. En 2005, les Ardennes ont rejeté le traité constitutionnel à 62% et en 2002, ses électeurs se sont tournés vers un vote protestataire à 40%. La fatalité, c’est le mot dont se parent ceux qui veulent excuser leur impuissance a déclaré le ministre et candidat à la préfecture au cours de son allocution.