Les Dogs, l’un des principaux groupes de rock français était rouennais. Pendant près de vingt ans, Dominique Laboubée l’a souvent rappelé sur scène. A Rouen, entre juillet 1972 et l’automne 1983, un magasin, situé rue Massacre, a également eu un rôle important dans le milieu rock et particulièrement dans le lancement des Dogs. Son nom : Mélodies Massacre.

Les Dogs sont nés en 1973. L’année suivante, ils faisaient une apparition remarquée au tremplin du Golf Drouot. Philippe Manœuvre signera le premier article enthousiaste sur ces normands turbulents dans Rock&Folk. En janvier 1978, les Dogs enregistreront leur premier 45 tours, Charlie was a good boy, No Way, Nineteen. Le disque produit par Mélodies Massacre a été enregistré dans la cave de Lionel Herrmani (disquaire rouennais et patron de Mélodies Massacre). C’était le début d’une belle épopée.

Lionel Herrmani se souvient de sa rencontre avec Dominique Laboubée. « En 1972, il avait des cheveux très longs et portait souvent un long manteau en velours. Il arriva à Mélodies avec sous le bras des disques des Stooges, des New York Dolls pour me les faire découvrir. Lors de l’enregistrement du premier 45 tours, Dominique avait la voix très éraillée, car les prises furent réalisées en un temps record. Pas de place pour récupérer ! Personne ne savait d’ailleurs se servir du magnétophone quatre pistes prêté par un vendeur de la maison Courtin, magasin de hi-fi situé face à Mélodies. Au fil des enregistrements, des difficultés apparurent. Dominique devait faire un solo de guitare et la première prise fut ratée, la deuxième aussi... Tout le monde s’énervait et, bien que je lui dise que cela ne collait pas, Dominique affirmait que la prise était bonne. Enfin, il appuya sur deux ou trois des boutons interdits et, miraculeusement, nous avons pu entendre le fameux solo, parfaitement en place. L’ingénieur du son était Yves Surlemont, aujourd’hui chirurgien, et la maquette de la pochette d’étienne Robial. Les photos du groupe avaient été réalisées par Bruno Le Trividic dans mon salon, orné d’un papier peint d’inspiration chinoise que je regrette encore... J’ai produit aussi le second 45 tours des Dogs, un quatre titres, avec pour la pochette le même photographe et le même maquettiste. Je me rappelle que Dominique venait tous les jours, vers 17 heures ou 17 h 30. Son premier geste, que tous nous attendions, en arrivant dans la boutique nouvellement décorée, était de se baisser pour vérifier l’ordonnance de ses cheveux dans les petits miroirs façon boule de dancing qui recouvraient le comptoir.

La décoration primitive était dans le goût des années 70, dans les prune et mauve, mais j’avais décidé de revoir un peu les choses... Un autre problème s’était très vite posé dans ce grand espace de 28 mètres carrés. Au-dessus d’un mètre cinquante, nous vivions dans un épais brouillard. J’ai dû interdire de fumer à l’intérieur ! »

On connaît la suite. La sortie de Too much class for the neighborhood en 1982, celle de Legendary Lovers en 1983 (classé 3ème album de l’année par le mensuel Best), etc. etc. etc. Que du bon.

L’idée de créer une place Dominique-Laboubée à Rouen, là où était situé le magasin Mélodies Massacre, vient de naître. Parmi les premiers noms qui soutiennent ce projet, notons Michel Adjinsoff, Bruno Allègre, Federico Calavia, François Camuseaux, Quentin Damamme, Rémi Dengoyan, Olivier Durand, Martine Fauchard, Louise Féron, Rémi Genty, Guillaume Grima, Phillipe Inemer, Catherine Laboubée, Dominique Lafontaine, Bruno Le Trividic, Little Bob, Philippe Manœuvre, Céline Martineau, Antoine Masy-Périer, Marc Minelli, Alain de Nardis, Paul Péchenart, Jean-Marc Peltier, Hugues de Portzamparc, Christian Rosset, Jérôme Soligny, Stéphane Touron...

Si vous voulez vous joindre à cette initiative, téléphonez à Guillaume Grima au 06 72 00 33 09.