AMOR DOLOROSO, Higelin dans son costume intime

AMOR DOLOROSO, Higelin dans son costume intime

Notre rencontre avec... HIGELIN : une tempête, que dis-je un ouragan. Je suis encore en train de reconstruire ma barque.

Studios EMI, nuit pluvieuse et noire. Le bonhomme arrive, long manteau jusqu’aux chevilles, cheveux chamalo, tête boudeuse, le pied qui traîne. Avait pas l’air dans son assiette.

Moi, la boule au ventre : " ça va pas être une franche rigolade". Mon réal roudoudou, Laurent était excité : "ah, tu vas voir, Higelin, c’est pas un mec comme les autres". Oui, ça va Laurent, je viens de comprendre"...

D’autres journalistes lui tiennent la grappe avant nous. Higelin, c’est l’évènement, 8 années sans sortie d’album. Après 2 heures de pieds de grue, 3 changements de lieu d’enregistrement et une rixe avec Laurent, moins roudoudou, qui s’énervait avec ses spots lumineux, "ça va Laurent, on va pas le rater ce Jacques H", me voici côte à côte avec l’artiste. Je lui demande s’il est fier de son album. Il me capte à peine, il n’a pas du tout envie de causer de son album, il a fait de la promo toute la journée à la TV, ça le gonfle. Toi aussi, tu me gonfles sérieusement. Ton album est une évidence de réussite mais toi, t’es pas cool.

Il raconte, comme à tous les médias, qu’il est heureux de sa rencontre avec Rodolphe Burger, qu’ils ont enregistré l’album en plein délit de nature verdoyante dans un studio perdu au milieu de l’Alsace. Je lui demande si l’accouchement était "doloroso". J’étais assez contente de ma question... Il s’en fout, il comprend pas, il continue son blabla tout seul. Brrr !

Et là, je repense à cette émission où Fogiel (même lui) énervé, n’arrivait pas à mener son interview avec un Higelin incapable de rester assis plus de 3 secondes.

Ah, c’est ça ! Je venais de piger. No formatage, no chaînes. Higelin, il ne faut pas l’enfermer dans un carré. Il a besoin d’espace. Il faut le laisser voguer dans son délire. Il est de la liberté absolue, des mots qui volent au-dessus des étoiles. Les émissions de télé avec les balais brosses dans le cul, il déteste.

Comme un contre-pied ou une protection, devant la menace de l’enfermement, du politiquement correct, il se met à jouer le rôle du mec déluré, presque fou, dont on craint qu’il se mette à faire n’importe quoi.

Alors je décoince mon balai brosse, je lâche le disque, le fil conducteur, les questions bien préparées, Higelin commence à délirer en anglais, je fais la traduction, c’était parti.

Alors je l’ai vu : Higelin au naturel, de la sensibilité sauce aigre douce, un esprit vif, étagé et accordé. Et puis nous avons fait péter les bulles, j’ai quitté le champ, le micro et enfin, libre, il a montré son vrai visage. Grande tendresse, rusé, intelligent et douloureux. Touchant.
J’ai compris "Amor doloroso", la puissance du mot, de la voix et du son. J’ai compris son immense parcours, l’homme de scène qui donne tant, son imaginaire insatiable et inexorable.

Il m’a prise dans ses bras, comme une enfant et m’a dit merci.

J’ai eu la chance de deviner, d’entrevoir une infime partie de l’immense âme Higelin.

Disponible "Amor doloroso" 11 chansons higeléniques

Disponible "Amor doloroso" 11 chansons higeléniques