Des gens normaux qui offrent leurs bobines à ce curieux recueil, un regard amusé sur le monde. Une création houellebecquienne sans intellectualisme forcené, un témoignage vivant sur l’époque.

Bernard Brisé est un artiste audacieux qui nous présente une vision sans compromis d’une certaine humanité qu’on ne croise finalement que très peu dans les livres.

Peu importe que les visages en quasi inserts soient laids, moyens, flous, vieux, mal rasés ou quelconques, l’important est ailleurs.

Il y a ces silences captés dans les clichés jamais clichés, ces moments de solitude, d’incompréhension, de connivence aussi dans ce livre imprimé sur ce papier à gros grains comme les beaux ouvrages d’antan.

Un beau format, un concept novateur en carré précieux, des figures originales, de jolies femmes lascives et offertes en background, la misère du désir, la mémoire fantasmatique facile, à portée de porte-monnaie.

Pas de noms des protagonistes, pas de bio, rien sur leurs vies énigmatiques ou réelles, c’est à nous de faire le chemin et d’imaginer leur existence qui ne peut pas être réduite à une seule image.

Oeuvre de et sur la mémoire des vies minuscules, des oubliés d’ordinaire de l’Art, "Bonne année" est la création conceptuelle la plus pertinente de cette fin d’année, le cadeau idéal à offrir pour 2007.

Une vision calendaire pleine de cette sensibilité qui manque à beaucoup dans leur approche de notre époque.

Un voyage en douze tableaux qui marquent par leur intensité dramatique baignée de réalité.

Bonne année, Photographies de Bernard Brisé, Préface de Serge Simon, Le Bord de l’eau Editions, 12 euros