Libé : Faut pas Pousser

Libé : Faut pas Pousser

C’est le baptême du feu pour Laurent Joffrin, qui revient à ses anciennes amours pour sauver Libération de la faillite, car le plan social qu’il a négocié en conseil d’administration est réfuté par ses employés. Tandis que l’actionnaire de référence Édouard de Rothschild préconisait une centaine de licenciements, le nouveau patron de presse a pu réduire le nombre des départs à 81, avec cinq embauches pour renforcer le site Web, ce qui porte le personnel à 200 personnes. Les salariés du journal, à qui la nouvelle a été annoncée lundi, se sont réunis hier en assemblée générale pour en discuter. Ils ont assez largement rejeté les réductions d’effectif, et déposé un préavis de grève pour lundi prochain. Il est à noter que 110 personnes se sont prononcées pour l’arrêt immédiat du travail. L’entreprise, qui fait l’objet d’une mesure de sauvegarde par le tribunal de commerce, est pourtant près de cesser toute activité, pour être mise en liquidation. Édouard de Rothschild, satisfait d’avoir pu faire valoir ses vues et le directeur de la rédaction du Nouvel Obs à la tête de Libération, s’apprête à remettre au pot à hauteur de 15 millions d’euros, mais il est probable que l’opposition qui ne s’est pas éteinte au sein de l’équipe soit de nature à l’en dissuader. La grève est une arme de poids dans la presse, où les stocks sont renouvelés à parution, où les clients sont vite séduits par un autre titre, auquel ils vouent rapidement fidélité, quand ils ne sont tout simplement pas volages. Ce sera la troisième dans l’histoire de Libération, la deuxième en une année. En somme, si le journal s’arrêtait lundi de paraître, il est à craindre que ce soit définitif.

Le quotidien, pour le journal Libération,
C’est qu’à nouveau, la fin du mois est difficile :
Lundi, on n’aura pas ce titre à domicile,
Mais au lecteur, on n’offre aucune explication.

Des chômeurs en sursis dans la corporation
Ont fait tout ce qu’il faut pour lancer un missile
À leur nouveau patron lors du dernier concile ;
Pour repartir à fond, c’est une aberration !

Malgré l’engagement d’être un peu moins sévère,
Le rédac-chef fait face à un prochain calvaire :
À quoi ça sert d’avoir pris soin du personnel ?

L’urgence est de plaire au public, et le cas presse
Mais transiger sur un principe est criminel,
On a son quant à soi quand on est dans la presse !