Soyez Sages

Soyez Sages

25.000 personnes se sont rassemblées dimanche à l’appel de Saadet, le parti du Bonheur, sur une portion de voie rapide située sur la partie européenne d’Istanbul, et c’est sans doute l’image de cette foule furieuse brandissant des banderoles et des drapeaux rouge et blanc, couleurs de la Turquie, que l’on retiendra de cette première visite du pape en terre d’Islam, avant même qu’elle ait lieu. Après la controverse suscitée par la causerie du souverain pontife à l’université de Ratisbonne le 12 septembre dernier, où il semblait associer Islam et violence, ce déplacement officiel dans un pays certes laïc, mais massivement musulman, fait naître une vive désapprobation chez un peuple par ailleurs engagé dans de difficiles négociations avec l’Union européenne, où par exemple, les travaux d’approche au sujet de la question chypriote sont revenus lundi au point de départ. Les manifestants lui ont également reproché son indifférence en ce qui concerne la situation en Irak et en Afghanistan, l’entretien prévu avec le patriarche Barthélémy Ier de la communauté orthodoxe, non reconnu par la Turquie, ainsi que son désir de se rendre à l’intérieur de Sainte-Sophie, ce joyau de l’architecture byzantine, tout d’abord église, puis mosquée après la prise de Constantinople par les Turcs, et enfin musée depuis 1935. Mercredi dernier, 39 manifestants qui l’avaient investi en scandant Brisez les chaînes, ouvrez Sainte-Sophie ont été interpellés par la police. Les officiels turcs quant à eux, ont du mal à masquer leur embarras face à la venue de Benoit XVI : ce n’est que lundi soir que le Premier ministre Erdogan a fait savoir qu’il sera présent à l’aéroport pour accueillir son hôte.

Sophie était le nom qu’on donne à la sagesse
Avant qu’un Dieu unique arrive en réclamant
Pour tous la même hauteur de grade à tout moment :
Au fond, ce n’était pas du fait de Sa largesse.

Du coup, le sage à son vieux truc, le sot-l’y-laisse,
Car s’Il a son pareil, Il n’est plus si clément
Et l’on se bat pour Lui offrir un monument
Où l’on s’enivre à fond du myrte ou de la gesse.

Voici l’homme à la fin pris par des mots choquants
Qui se lève éperdu, partagé en deux camps :
C’est qu’il est forcément coupé de ses racines.

Mais qu’en ont dit, du coup, les deux milliards de gens
Qui sont les spectateurs de ces mœurs assassines ?
Ils n’ont rien pu comprendre, or ils sont indulgents.