Le Vieux Fusil

Le Vieux Fusil

Après 125 films et cinquante ans de carrière, Philippe Noiret est décédé jeudi d’une longue maladie en laissant une trace indélébile et si particulière dans la vie culturelle. Avec un physique ingrat, il n’a jamais pu jouer des rôles de jeunes premiers, mais au cinéma comme au théâtre où il apparut en 1953 dans la troupe de Jean Vilar du TNP aux côtés de Gérard Philippe, mais il a su traverser le temps et les générations en brillant par son charme et son élégance, sa voix profonde et un jeu tout en finesses. Il fut ainsi une des figures emblématiques du 7ème art dans les années 70’, incarnant les personnages inoubliables d’Alexandre le bienheureux, l’horloger de Saint-Paul ou le vieux fusil. Il aimait la campagne et la vie parisienne, les cigares et les chevaux, et particulièrement les femmes, auprès desquelles il savait se faire apprécier. Cependant, cet homme qui en France aussi bien qu’à l’Étranger incarnait à la perfection l’esprit français, resta fidèle en amour, à son épouse Monique Chaumette, qu’il n’a jamais quittée, comme il n’a jamais quitté le cœur du public. Il avait en effet d’autres projets de films et de pièces, qu’il n’aura pas eu le temps de réaliser, laissant ainsi dans nos yeux non pas l’impression d’un météore, mais celle d’un astre immuable.

Discret, subtil, souvent charmeur et délicat,
On se souvient de lui et de son personnage
De dandy rondouillard qui ne fait pas son âge,
Car pour les films français, il faisait l’avocat.

Il aurait pu paraître au mieux un reliquat
Ne rester dans le lot qu’un petit engrenage,
Un second rôle adroit sur les lieux du tournage,
Mais il crevait l’écran, brillant comme un ducat.

Sa silhouette ingrate avait du pachyderme
L’aspect pataud, mais fort qui fond sous l’épiderme,
Pour devenir beauté dans le cœur de nos femmes.

Il aimait l’élégance et tout le tralala
Et pouvait incarner aussi les gens infâmes,
Mais grâce au cinéma, il sera toujours là !