Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. La morale de Jean de La Fontaine ne s’applique certes pas à Nicolas Sarkozy, qui ne fait plus mystère de ses ambitions depuis deux ans. Mais à bien l’observer aujourd’hui, on peut se demander s’il est bon de partir trop tôt. Bien que profitant d’une position dominante à l’UMP, il a dû en rabattre au sein de son camp, négociant la procédure d’investiture avec Michèle Alliot-Marie, pourtant minoritaire, et la nécessité de laisser une place au débat dans le parti. Les candidatures sont donc maintenant fixées du 23 novembre au 31 décembre, avec des forums en régions, pour un choix définitif le 14 janvier. Intervenant jeudi soir au journal télévisé de TF1, il a refusé de se déclarer avant la semaine prochaine afin de ne pas concentrer l’attention sur sa personne. Au gouvernement, il a été dissuadé d’avancer les élections municipales à la suite des présidentielles et des législatives, et plus ou moins recadré jeudi matin par le Premier ministre en ce qui concerne les conditions de la victoire en 2007. Ce dernier l’a averti des dangers d’un positionnement en rupture avec l’action gouvernementale, à laquelle il participe en tant que ministre d’État, en lui signalant que les résultats d’hier, c’est la légitimité des propositions de demain. Pour le président du parti de la majorité présidentielle qui rêvait d’en découdre au plus tôt avec la candidate socialiste, les opportunités de brûler les étapes sont réduites à la portion congrue.