Pierre après Pierre

Pierre après Pierre

Ils sont en train de tuer le rêve du Liban, s’est écriée sa sœur devant la dépouille de Pierre Gemayel, transportée mercredi dans sa ville natale de Bikfaya, au nord-est de Beyrouth, où des centaines de personnes ont défilé derrière son cercueil, en brandissant des portraits du défunt et des drapeaux des Phalanges chrétiennes, sa formation politique. Le ministre de l’Industrie du Liban sera inhumé aujourd’hui en fin de matinée, et un deuil national de trois jours a été décrété par le gouvernement, qui a perdu sept membres en une semaine, puisque les ministres des mouvements Hezbollah et Amal ont démissionné à la veille du précédent conseil, où devait être entérinée la décision d’un tribunal pour juger les responsables de l’assassinat de Rafik Hariri, victime d’un attentat à la voiture piégée le 14 février 2005 à Beyrouth. Tout le monde au Liban voit dans ce nouvel assassinat la main de la Syrie, dont le chef de l’État aurait prévenu je ne veux pas d’un tel tribunal selon Saad Hariri, une des figures de proue de la majorité parlementaire. D’aucuns objecteront que le mode opératoire a changé, puisque Pierre Gemayel est tombé sous les balles dans une embuscade menée par des hommes parfaitement entraînés, complètement équipés pour une telle opération. Mais il n’était pas possible de piéger la voiture du ministre, neveu du président Béchir Gemayel assassiné en 1982, car il changeait constamment de véhicule pour se déplacer. Il est mort mardi des suites de ses blessures pendant son transfert à l’hôpital, la veille de la fête de l’Indépendance qui a été annulée.

Malgré la date en fait, on n’a pas fait la fête
Dans ce pays privé de sa pérennité,
Luttant pour son honneur et pour sa liberté,
Pour qui la moindre action n’est jamais satisfaite.

La trêve est mal assise et loin d’être parfaite
Parce qu’un peuple en fin de compte, a éclaté
Tandis que ses voisins sont venus en été
Faire un shopping chez les partisans du prophète.

Pour faire encore un trou dans un gouvernement
Qui se divise au lieu de tenir son serment,
On a assassiné le leader des Phalanges.

L’état de droit, de suite est mis dans un linceul,
Porté en terre, et puis la guerre est dans les langes
Et l’esprit de la paix se retrouve un peu seul.