Les primaires organisées par le Parti socialiste ont eu un effet d’entraînement, puisque pour la première fois, Ségolène Royal devance Nicolas Sarkozy dans les sondages, dans l’éventualité d’un second tour les opposant. L’opération de ce vote interne, à cause de ses conséquences sur l’opinion publique, a tétanisé le parti majoritaire, dont le chef aimerait bien reprendre l’offensive avec son projet de loi sur la prévention de la délinquance présenté mardi aux députés. Mais c’est faire fi des ambitions qui se font jour dans les rangs de l’UMP, dont une partie des membres est hostile au tout répressif, en particulier en ce qui concerne les mineurs et les jeunes en rupture de ban. Dans un pays qui a du mal à oublier mai 68, il n’apparaît pas opportun de se mettre à dos la jeunesse, et Michèle Alliot-Marie l’a rappelé samedi aux conseillers nationaux de sa formation politique. Pourtant, qu’il s’agisse de Jacques Chirac ou de Dominique de Villepin, aucun n’aspire à aller tout de suite au charbon, ne serait-ce que pour défendre le candidat putatif de la majorité présidentielle, qui se voit pour un temps relégué au rang de ses concurrents minoritaires, avec lesquels il ne veut pas débattre. Il paraît au contraire attiré par le miroir aux alouettes d’un affrontement différé avec celle qu’il aurait volontiers choisi comme adversaire, et qui a désormais lancé sa campagne en direction du peuple, en l’ignorant superbement.