Reflexions après la mort d’Ana Caroline Reston

Reflexions après la mort d'Ana Caroline Reston

Mannequin brésilien sublime, 21 ans, Ana Caroline Reston est morte : insuffisance alimentaire volontaire. Elle est loin d’être la seule et l’anorexie fait rage chez les jeunes femmes et surtout chez celles dont le corps est un véritable « outil de travail », devant correspondre à des critères très précis et parfois sévères.

L’anorexie est une maladie liée à des troubles psychologiques profonds et complexes qui diffèrent selon chaque individu et qui laisse souvent le corps médical perplexe. Pour avoir eu un membre de ma famille anorexique (qui n’est pas dans le milieu de la mode), il me semble avoir décelé comme une forme volontaire de suicide lent. Ne plus vouloir se nourrir, c’est ne plus vouloir vivre. Cependant, les causes sont toujours restées troubles.

Je ne suis pas médecin et ne suis pas habilité à faire un exposé concernant l’anorexie.
Mais la mort et la souffrance de ses filles de la mode me touchent et me poussent à m’interroger.

Force est de constater que l’anorexie touche beaucoup les mannequins. Les agences de mannequins n’auraient-elles pas une part de responsabilité ?
Ana Caroline Reston avait probablement une souffrance liée à sa propre histoire. Mais l’exigence corporelle (tel poids, tour de hanche...) qu’on leur demande, les castings où les filles sont traitées parfois comme des « portes manteaux » non plus comme des êtres humains réveillent les souffrances des filles les plus fragiles. La dureté du milieu peut être comme un « détonateur » de l’anorexie.
Et puis les journaux féminins qui affichent des mannequins toujours plus jeunes, plus frêles, imposent peut-être aux adolescentes cette envie de ressembler à ces pseudo « icônes » ?

Comment a t-on pu en arriver là ? Mutiler les corps pour créer un modèle unique, représentatif d’une seule beauté ? Des corps maigres sans sourire, sans vie qui défilent sur le podium de la soi-disant gloire... La mode peut être et doit rester un monde de féerie, de créations vestimentaires mais pour cela, il doit aussi sublimer la femme et l’homme, respecter la multiplicité des corps, l’unicité de chacun.

Si le monde à bien une merveille, c’est justement dans cette immense et génialissime multiplicité de visages, de texture de peau, de couleurs, de tailles, de rondeurs, de chair... à l’infini !

Il me semble que la période amorce un léger changement (publicité Dove, mannequins trop maigres refusées dans certains pays). J’aimerais que des Karl Lagerfeld, des Jean-Paul Gautier, très influents, agissent dans ce sens pour avancer plus vite et éviter le pire. Je ne comprends pas qu’ils ne réagissent pas. Ils disent toujours aimer et respecter les femmes, c’est pourquoi ils leur créent de quoi les rendre encore plus belles. Et puis les créatrices femmes, que font-elles ?
A quand des défilés et des publicités avec des filles naturelles pleines de vie, pulpeuses, heureuses...