Jonathan Littell lu de manière malveillante par Paul-Eric Blanrue

Jonathan Littell lu de manière malveillante par Paul-Eric Blanrue

Chaque rentrée littéraire donne droit à des querelles, des polémiques, des fâcheries, des amours, des désamours, des envies, des jalousies, des admirations et c’est cela qui est plaisant dans le petit monde des lettres. Paul-Eric l’a bien compris, les polémiques autour des livres ne sont pas anecdotiques et font partie intégrante de l’industrie culturelle du livre. Cela rappelle même des époques glorieuses de la littérature.

C’est ainsi que Blanrue publie un livre assez épatant, écrit en 3 semaines et avec une belle réactivité et qui décode le phénomène Jonathan Littell ou comment un parfait inconnu écrivant mal en français a ridiculisé Angot, Yann Moix et compagnie lors de la rentrée 2006.

Paul-Eric Blanrue a donc réussi à composer un livre évènement sur un autre livre évènement, un peu comme Nabe avait réagi dans un livre apocalyptique après le 11 septembre 2001.

L’historien et homme de lettres qu’il est a décidé d’enquêter sur le cas du petit Littell à travers un livre très court mais très bien documenté et qui aura le mérite d’intéresser à la fois ceux qui ont lu les Bienveillantes mais aussi ceux qui comme moi n’ont pas encore pris le temps d’avaler les 900 pages d’un pavé trop bien accueilli pour être honnête.

"Les malveillantes" de Paul-Eric Blanrue, publié chez Scali est donc un livre assez passionnant car très instructif qui va chercher du sens à l’intérieur du phénomène littéraire qui, malgré les apparences a été très intelligemment monté et buzzé par des rois du marketing.

Le Prix Goncourt 2006 est ainsi décodé dans le fond et la forme de son style et de son point de vue pseudo historique.

"Les bienveillantes" selon Blanrue n’est qu’un roman qui ne retranscrit aucune réalité ayant véritablement existé, le personnage Max Aue qui est le héros du livre, à la fois nazi et homosexuel n’est qu’un personnage de composition ou de projection assez improbables selon l’enquête de l’auteur.

"Les bienveillantes" est-il un chef d’œuvre, est-ce une honte de le comparer à "Guerre et Paix", comment a été construit ce succès en sous-marin grâce aux jeux de lobbying d’agents littéraires très doués, voilà quelques unes des questions auxquelles répond Blanrue dans un style simple et accessible et selon un plan cohérent.

Il évoque aussi la fascination du mal, la vision de la Shoah qui sont des grands thèmes évoqués dans le pavé de Littell, Blanrue a le mérite de savoir démystifier avec talent ce qui pourrait nous apparaître différemment sans un travail critique aussi scrupuleux et enlevé.

Bref, "Les Malveillantes", est une vraie curiosité littéraire, un ovni sur un ovni, une sacrée bonne idée bien ficelée qui fera polémique, une bonne polémique qui donne du sens qui fait avancer les choses.

Les malveillantes, Paul-Eric Blanrue, Editions Scali, 124 pages.

Les malveillantes, Paul-Eric Blanrue, Editions Scali, 124 pages.