Théâtre - Rutabaga Swing : Rififi au café Barray

Théâtre - Rutabaga Swing : Rififi au café Barray

La pension Barray de Chambier ? Un endroit animé ! On y chante tous les dimanches. Nous sommes en 1942...

Il y a là toutes les vedettes du bourg : mademoiselle Suzy, la coiffeuse ; Claude, le jovial facteur ; Bernard, le bibliothécaire bougon. Tout ce petit monde est accueilli par monsieur Philippe, petit-fils de la patronne, dans un bar rutilant. Il y a aussi Marie, une très discrète serveuse, récemment arrivée.
On y parle à demi-mot du Maréchal, d’un certain de Gaulle et des chleuhs...

Coup de théâtre : Durieux, un résistant, puis Hans, un traducteur de la Wehrmacht viennent s’incruster. Tout le troquet est en émoi... Comment éviter leur rencontre dans la minuscule pension ?

Du coup, toute la bande s’épie, dans une attente fiévreuse. Comme si seulement un dénouement rapide pouvait libérer l’angoisse collective.
Mais avant la « catharsis finale » illustrée par des coups de feu et la tombée des masques, l’on aura droit à de beaux numéros d’acteur -ainsi celui de la réapparition désopilante de Durieux, travesti sous les traits de... madame Barray, centenaire bavarde et figure emblématique du bourg ou encore le dialogue surréaliste entre Hans et la véritable madame Barray à l’occasion de l’anniversaire de cette dernière.

Avec Rutabaga Swing, le metteur en scène Philippe Ogouz nous offre quelques excellents effets vaudevillesques. « Rutabaga Swing » est une pièce de troupe, c’est pourquoi j’ai choisi par instinct des actrices et des acteurs jubilatoires », précise t’il. Judicieusement, cette comédie tragique est ponctuée de nombreuses chansons interprétées par la troupe. Provenant du répertoire de l’époque (Charles Trénet, Maurice Chevalier...), elles se glissent naturellement dans l’atmosphère tumultueuse de la pièce.

Avec Rutabaga Swing, Ogouz a souhaité « divertir avec chansons et comédie [...] sans rien passer sous silence de cette terrible époque ».
Pari semble-t-il réussi. En effet, derrière les effets vaudevillesques de Rutabaga Swing se profile une certaine gravité qui nous éclaire sur la psychologie des personnages - ainsi, celle de Hans, dont les souvenirs d’enfance le renvoient, malgré lui, par une sorte de « conscience malheureuse » à l’inhumanité de la cause qu’il défend.

Somme toute, une pièce à la fois gaie, généreuse et profonde, étayée par une excellente brochette d’acteurs et un texte de haute qualité.

A voir !

Théâtre Petit Montparnasse, 31 rue de la Gaîté - 75014 Paris du mardi au samedi à 20 h 30, le samedi et le dimanche à 17 h

Reprise exceptionnelle pour 60 représentations à partir du 14 novembre 2006

Rutabaga Swing, comédie tragique (avec des chansons) de Didier Schwartz
Mise en scène de Philippe Ogouz