L’Europe en Marche

L'Europe en Marche

Tandis que 15% à 40% des 300.000 postiers ont observé un mouvement de grève mardi pour protester contre le projet européen de libéralisation totale du courrier en 2009, la Commission de Bruxelles a autorisé la fusion de Suez et de Gaz-de-France en estimant que les concessions des promoteurs permettaient d’assurer une concurrence effective sur les marchés de l’énergie belge et français. Ces deux desseins ne se trouvaient pas dans le texte du traité constitutionnel rejeté le 29 mai 2005, mais leurs dispositions s’inscrivent bien dans la philosophie de ses rédacteurs. Le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a dénoncé des mesures pour La Poste qui, toutes, vont dans le sens de son affaiblissement et de son démantèlement en tant que service public national, alors que le ministre de l’Économie Thierry Breton a prétendu dans l’hémicycle que le champ et les obligations du service universel restent inchangés ; il s’est voulu réconfortant en affirmant que la France est, et restera attachée au maintien d’un service universel postal de haute qualité à un prix abordable sur l’ensemble du territoire. Quoi qu’il en soit, les prérogatives de cette administration apparaissent largement écornées, avec la filialisation de certaines prestations, et plus récemment, de son offre aux petits épargnants, tandis que son service continue de se dégrader inexorablement, et pas seulement dans les zones rurales.
Le grand projet de fusion du gouvernement français, après de vives réticences de sa part, est validé la même journée par la Commission européenne, moyennant des mesures radicales de cession d’activité, car pour ces deux sociétés, leurs positions dominantes respectives auraient été considérablement renforcées par la fusion. Suez et Gaz-de-France vont donc se départir de leurs actifs dans les réseaux de distribution Fluxys et Distrigaz, et procéder à des projets d’investissements afin de développer les capacités d’infrastructure, de manière à faciliter l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché. L’opposition parlementaire entend saisir le Conseil constitutionnel et les petits porteurs des deux entreprises s’estiment lésés par les conditions qu’on leur propose dans le plan de fusion.

À quoi cela sert-il de demander l’avis
Des gens si c’est pour faire exactement l’inverse ?
La Commission paraît dès lors un peu perverse
De donner son blanc-seing à de distincts devis.

Dans le secteur public, on sent le tour de vis
Et les plans de gestion bientôt pleuvoir à verse !
Le sujet ne va pas prêter à controverse
Puisque la messe est dite et les sermons suivis.

À la poste, il paraît qu’on joue un tour pendable
Pour desservir encore à un prix abordable
Des plis qui vont passer par les ordinateurs.

Gaz-de-France est aussi destiné à se rendre
À la loi du marché malgré ses débiteurs...
La maison qu’on nous fait va bientôt nous surprendre !