Vive la Crise

Vive la Crise

Alors que la force d’interposition des Nations Unies a fort à faire pour garantir la sécurité du pays, le gouvernement libanais se trouve aux prises avec la fronde des ministres chiites des partis Amal et Hezbollah, qui ont démissionné en bloc samedi, après l’échec de consultations sur la formation d’un gouvernement d’union nationale au sein duquel "le parti de Dieu", soutenu par Damas, entendait accroître son influence. Celles-ci se sont tendues samedi lorsque Fouad Siniora, soutenu par la majorité antisyrienne, a insisté pour soumettre lundi en conseil des ministres le projet final de résolution de l’ONU sur la création d’un tribunal international pour juger les auteurs de l’attentat qui a frappé son prédécesseur Rafik Hariri le 14 février 2005. Ainsi, le chef de l’État, Émile Lahoud, prosyrien, a-t-il refusé de participer à ce conseil lundi. Selon lui, car "le gouvernement a perdu sa légitimité constitutionnelle et de ce fait, toute réunion du cabinet est anticonstitutionnelle et sans valeur". Si les juristes les plus éminents du pays du cèdre s’appliquent à dédramatiser cette crise constitutionnelle, l’épreuve de force n’en apparaît pas moins engagée, en posant encore une fois la question du communautarisme religieux de cette nation qui parvient difficilement à émerger de la guerre civile.

Les soldats de la paix sont venus au Liban
Pour permettre au pays ruiné de se refaire,
Mais comment aujourd’hui peut-il s’en satisfaire
Si des nations, il se met de lui-même au ban.

De son effondrement, veut-il rompre un ruban ?
Voilà que le pouvoir mord dans une autre affaire
La poussière en trois jours, en ne voulant pas faire
Encore un peu de place à un parti forban.

C’est vrai qu’on ne peut pas revenir en arrière,
Mais il faudra aussi franchir cette barrière
Dressée en tant que loi par les communautés.

Ou cette identité qu’on voudrait nationale
Se fiche au fond de vivre aussi de beaux étés
À moins que le rif soit sa vertu cardinale.