La Machine à Perdre

La Machine à Perdre

L’estocade finale avant le vote des militants socialistes s’est déroulée à Toulouse avec un meeting particulièrement bien encadré. Tous les défauts d’organisation observés lors des précédentes confrontations, notamment dans la salle du Zénith à Paris, ont été relevés pour terminer en beauté une pré-campagne qui aura fait au moins le bonheur des commentateurs : l’assistance est regroupée en fédérations, et non plus par affinités, les affiches et les cornes de brumes sont prohibées, ainsi que les cameras et les téléphones portables. Même les applaudissements sont chronométrés. Enfin, tout le monde n’a pas eu accès à la salle, trop petite, les interventions sont retransmises sur un grand écran sous un chapiteau situé à l’extérieur. La ville rose est en quelque sorte un terrain neutre, puisque la région est restée la terre d’élection de Lionel Jospin pendant quinze ans. Ce dernier n’a pas dévoilé pour le moment ses préférences, mais personne n’ignore quelles sont ses détestations : en vérité, elles sont assez bien partagées entre les trois candidats. Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal, qui se sont exprimés successivement sans avoir le droit de s’interpeller directement, répondent aux mêmes trois questions, sur les services publics, la mondialisation et l’environnement. Les aptitudes de la Présidente de Poitou-Charentes à battre la droite ne font pas débat, et c’est peut-être le plus petit commun dénominateur sur lequel se retrouveront les militants le 16 novembre. Pourtant, plus personne ne pense qu’il n’y aura pas de deuxième tour, selon un conseiller de Dominique Strauss-Kahn, qui demeure convaincu de sa capacité à l’emporter malgré l’avantage de la favorite des sondages, qui faussent les écarts en prenant en compte tous des sympathisants. De ce côté, les avis sont partagés, Laurent Fabius sera mathématiquement deuxième, expliquent de leur côté les proches de l’ancien Premier ministre, qui se basent sur les résultats du congrès du Mans, en novembre dernier.

Pour ce dernier meeting, il va falloir se taire
Et laisser s’exprimer en paix les candidats,
Les militants sont-ils tous des petits soldats ?
Cela ferait plaisir au Premier secrétaire.

On ne veut pas bien sûr d’un débat délétère
Pour finir en beauté sans souffrir qu’un judas
N’ouvre un œil sur les vains pieds de nez des fadas,
Mais on ne doit pas non plus faire un truc austère.

Tout est donc bien cadré afin qu’à tout moment
On n’ait à redouter un seul débordement,
Mais à ce point, n’y a-t-il pas de la censure ?

Tout est prêt, mais à trop protéger son champion,
La déception devient encore un peu plus sûre
Car l’adversaire, à droite, avance aussi son pion.