Impression

Les Dogs sont nés à Rouen en 1973. Dominique Laboubée (chant & guitare), Paul Peschenaert (guitare), François Camuseaux (basse) et Michel Gros (batterie) reprenaient alors des titres des Flamin’Groovies, des Kinks, du Velvet Underground et tentaient quelques compos.

Le premier concert sera donné au casino de Saint-Valéry-en-Caux. Ce n’est pas pour me vanter, mais je me souviens avec tendresse de cet été-là, des heures de répétition dans les vestiaires du stade de foot de la petite station balnéaire normande, de nos balades sur les falaises ou sur la digue, le soir, à l’heure où toutes les fumées sont bleues... Je me souviens aussi d’un film que toute la bande avait tourné dans le bois d’Etennemare. Mimi, derrière la caméra super 8, dirigeait les prises juché sur un socle en pierre. Le scénario était plus que ringard. Les copines faisaient le tapin dans une allée. Je faisais le client et Dominique, sorte de vampire vengeur, m’assassinait. Je n’ai aucune idée de ce que ce chef d’œuvre a pu devenir !
Après ces distractions de potaches boutonneux, les Dogs passèrent aux choses sérieuses. En presque trente ans, ils ont sorti une douzaine d’albums et aligné des centaines de concerts électrisants qui restent gravés dans les mémoires d’initiés (sans parler des oreilles). Une aventure qui s’éteindra tragiquement avec la mort de Dominique, le 10 octobre 2002, aux USA, durant une tournée. Sa voix, sa gestuelle, sa silhouette élégante faisaient de lui un personnage unique dans l’univers rock français.

Egalement tombés sous le charme, vingt-deux auteurs se sont emparés d’un titre des Dogs pour écrire une histoire à leur sauce, noire comme il se doit. Jean-Bernard Pouy (Too much class for the neigbourhood), Patrick Raynal (Dead girls don’t talk), Marc Villard (Back from nowhere), Jean-Hugues Oppel (Waiting for a miracle), Gilles Poussin (A different me), Max Obione (Poisoned town), José-Louis Bocquet (Poison in my heart), Luc Baranger (The end of the gang)... Voilà pour une partie de ces messieurs réunis par Frédéric Prilleux. Côté dames, c’est plus maigre puisque seule Annelise Roux s’y colle avec Mon Cœur bat encore pour évoquer... les femmes des artistes (qui ne sont pas tous les jours à la noce il faut bien le dire). En fin de volume, quelques pages reviennent sur les grandes dates de la story des Rouennais.

Comme une bonne surprise ne vient jamais seule, l’initiative se double d’un Songs for Dominique. Et, là, ça déménage aussi. Quarante-huit groupes et artistes rendent hommage aux Dogs dans un double CD. Il y a des Français (Alain de Nardis, Frandol, Jérôme Soligny, Kingsize, Louise Féron, Marc Minelli, les Thugs, Olivier Durand, Tony Truant, Neurotic Swingers, Stéphane Dambry, Jay Decay and the Dirty Dogs... mais, hélas, pas Little Bob !), des Américains (Elliott Murphy, The Cinders, Angelica, Slickee boys, The Cry babies...), mais aussi des Polonais (Janusz Reichel), des Japonais (Dogs in the washing machine, The Faceful) et des Australiens (Mach Pelican). Une petite surprise attend les fans puisque Dominique Laboubée apparaît lui-même avec Chainsaw, un groupe de potes rouennais. C’est la réédition d’une expérience restée un peu confidentielle.

Un livre et deux CD en hommage aux Dogs. Le Père Noël ne serait-il pas un peu rocker ?

Stories of The Dogs/Histoires pour Dominique, éditions Krakoen. 10 euros.
Stories of The Dogs/Songs for Dominique, label Lollipop. 18 euros.

Après une récente émission spéciale sur Radio Libertaire et une soirée au Fanfaron, à Paris, deux nouveaux rendez-vous sont à noter.

A Lamballe, samedi 18 et dimanche 19 novembre (de 14h à 18h), salle municipale, pour le festival « Noir sur la Ville ». Dix auteurs du recueil (José-Louis Bocquet, Thierry Crifo, Max Obione, Jean-Hugues Oppel, Jean-Bernard Pouy, Frédéric Prilleux, Patrick Raynal, Annelise Roux, Romain Slocombe et Marc Villard) seront présents. Tous les détails du salon sur http://fureurdunoir.free.fr

A Troyes, le vendredi 24 novembre, à la Fnac. Présentation du disque et du livre à la Fnac de Troyes par Mathias Moreau alias Dallas Kincaid. Musique avec Jay Decay, Capucine, Dallas Kincaid. Présence d’Olivier Brut.