OVERLITTERATURE... Le mot est lâché !

OVERLITTERATURE... Le mot est lâché !

On lâche un mot comme on lâche un fauve, rugissant
et prêt à en découdre, indomptable en ce qui nous
concerne !
C’était il y a quatre ou cinq ans, Philippe Carrese
et moi devisions au défunt Salon du polar de la
Bastille, autour d’un pastis comme à la maison. A
propos de quoi ? De notre présence réciproque dans la
littérature, très à côté de la plaque.

Vous
remarquerez que grammaticalement, dans la phrase
précédente - qui est à peine une phrase car il y
manque un verbe - l’expression "à côté de la plaque"
peut à la fois désigner la littérature en général et
la nôtre en particulier.

Un sujet d’importance, en tous les cas... Nous nous
désolions de cette étiquette, finalement très
parisienne, de "polar marseillais", qui semble coller
à certains auteurs du crû comme une étiquette de
confiture sur un bocal d’anchois ! A mauvais escient,
donc.

Il faut dire qu’à Marseille la langue est riche et
la littérature active, comme parfois. Ca peut se
passer ailleurs ou en d’autres temps, rarement au Café
de Flore, et il se trouve que ça se passe à Marseille.
Où une joyeuse bande de braconniers des belles lettres
a pris la plume, pour l’enfoncer dans le croupion du
ventre mou... Sans prétentions, qui plus est, malgré
l’emphase ce cet article qui se veut manifeste !

Car
il ne s’agit surtout que de galopins, joyeux
troublions s’agitant loin des élégances et de
l’arbitrage du sérail... qui nous ont de toute façon
et de toute éternité oubliés sur notre île
provinciale. Tel Robinson, nous pouvons donc courir
tout nu sur la plage, frayant avec l’analphabète ou
poussant des cris de bête en râge..., puisque ça
n’intéresse personne, on ne va pas se gêner !

C’est ainsi que les auteurs marseillais aiment à
user jusqu’à abuser de leur liberté rare, se
permettant d’écrire avec risque, jouant de franc
parler et d’impudeur, mariant l’humour et le désespoir
qui signent cette ville de sauvages... Et ceci très au
delà du seul polar, bien que dans leur ensemble ils
excellent dans ce genre social et qui répugne à
s’assujettir tout à fait au politiquement correct.

Bref, Carrese et moi ce jour-là n’inventions rien
mais dressions un constat. Tout à fait à l’amiable et
je ne sais plus au bout de combien de pastagas ni
lequel de nous deux a lâché ce mot zarbi
d’"overlittérature", pour désigner ce fort courant
d’eau trouble, telles celles du Vieux-Port, où nous
puisions l’encre noire de nos stylos plutôt que dans
notre nombril. Nous et quelques autre guerilleros du
décalage et du singulier, tendance punks classiques !

Avoir un nom, les orphelins préfèrent ;
aussi-furent-ils une petite troupe à se reconnaître
aussitôt de la famille et à nous rejoindre sous cette
future glorieuse bannière, pour l’instant guère plus
étoilée qu’un paquet de pâtes Rivoire & Carret mais
qui un jour fera pâlir de jalousie le drapeau des
Etats-Unis.

D’ici-là, voici le nom de ces braves de la première
heure : Gilles Ascaride, Henri-Frédéric Blanc - nos
grands anciens - , Thierry Reboud, Laurent Lèguevaque,
Thomazeau, Patrick Coulomb... Auteurs que je vous
invite à découvrir si ce n’est fait et si vous avez
envie de lire quelque chose. Pour lire rien, ce ne
sont pas les auteurs qui manquent, je ne vous en
dresse pas la liste.

Tiens, je profite de cette ligne où je n’ai encore
rien écrit pour saluer également André Note,
universitaire distingué qui tient sa place à la tête
de cette croisade et se bat sur le front des
intellectuels ; ce qui se situe entre le brushing et
les lunettes, j’imagine.

Outre le fait de faire florès, outre le fait de
faire jaser - ce qui m’a encouragé à me fendre de cet
article de référence pour ne plus avoir à y revenir,
ou du moins sans devoir tout recommencer depuis le
début cinquante fois par semaine - , outre le fait de
faire école, l’Overlittérature fait enfin et depuis
peu l’objet d’une collection spécifique, chez
l’Ecailler.

Editeur chez qui vous pouvez envoyer vos
overmanuscrits si ils on été refusés ailleurs pour de
mauvaises raisons... (Si c’est vraiment de la merde
molle, merci de les garder par devers vous. NDLE)Car
pour encourager les vocations, rappelons tout de même
que si notre avant-garde va jusqu’à la voiture balai,
elle s’arrête avant le camion poubelle.

Overbiblio :

Tout Ascaride, tout Blanc, souvent Carrese, les deux
Reboud (Un roman pour les midinettes, scènes
cruelles/Rimbaud dans ses oeuvres), parfois
Thomazeau(Sans queue ni tête), le Coulomb(L’illusion
du belvédère),parfois votre serviteur et le dernier
Lèguevaque.

Dèjà parus chez l’Ecailler, dans la collection
Overlittérature :

Attention centre-ville, par Gilles Ascaride
Discours sur l’universalité de l’esprit marseillais,
par Henri-Frédéric Blanc
L’art d’aimer à Marseille, par Henri-Frédéric Blanc
L’excessive enquête aixoise, par Gilles Ascaride
Je ne parle pas aux femmes, par Laurent Lèguevaque