Peu importe qu’ils me haïssent, du moment qu’ils me craignent.

Quand je n’étais encore qu’un jeune et turbulent potache au lycée Buffon, Blandine Kriegel était prof de philo dans la classe d’à-côté. Évidemment, elle était communiste, car c’était fashionable en ce temps là. Surtout pour un prof de philo. La mode, pour les jeunes filles, était aussi aux bas blancs et, bien évidemment, notre séduisante agrégée, plutôt que des bas bleus, portait des collants immaculés qui s’accommodaient divinement avec ses petits escarpins vernis.

Maintenant qu’elle a jeté le communisme aux orties, Blandine, devenue conseillère du président de la République et présidente du Haut comité à l’intégration (HCI) est une dame plus que respectable. Elle porte des tailleurs sombres qui s’accommodent admirablement avec le ruban rouge de sa Légion d’honneur. Moi, je suis resté turbulent. La suite va le démontrer.

Mais je n’ai rien contre Blandine. Je suis même assez d’accord avec l’interview qu’elle a donnée récemment au Figaro et où elle fait l’éloge de l’universalisme français, ce qui correspond en partie aux idées que je défends. Il se peut, du reste, que les politiques me lisent de temps à autre. Je me suis vraiment posé la question il y a quelques jours en découvrant dans Le Monde une interview du Premier ministre qui s’insurgeait contre les statistiques ethno-raciales, reprenant ainsi à peu près mot pour mot l’esprit sinon la lettre de L’Ethnie française, un texte qui m’avait valu quelques injures deux semaines plus tôt.

Mais si Blandine dit (parfois) des choses justes, pourquoi s’entoure-t-elle d’imbéciles ou de gens dangereux ?

Je m’explique. On vient de m’avertir qu’un colloque sur l’intégration en politique aura lieu samedi 27 octobre à Sciences po. Ce colloque est notamment organisé par le HCI. Au programme, figure en bonne place le sieur Jacky Dahomay.

Dahomay, personne ne le connaît. Sauf sa mère, je suppose, et Blandine, qui l’a fait nommer au HCI. J’espère que ce n’est pas seulement pour faire couleur locale. Prof certifié de philo en Guadeloupe, son insignifiante (et vaniteuse) personne n’aurait jamais attiré mon attention si je n’avais eu l’occasion de le croiser en 2003 à Port-au-Prince, occupé (aux frais de la République) à prêter main-forte, aux côtés de Régis Debray, de Marcel Dorigny et d’Yvon Chotard, au sabotage du bicentenaire de la première république nègre du monde et à un coup d’État contre le premier président élu de ladite république, calomnié, menacé de mort, puis enlevé manu militari.

D’aucuns, sans doute, se diront indifférents au sort de Jean-Bertrand Aristide, en exil depuis près de trois ans et toujours menacé de mort. Moi, j’avoue ne pouvoir être objectif puisque je serais - selon l’expression de Stephen Smith (négrophobe de métier, ami de Dahomay et de Régis Debray) - le « laudateur rémunéré » d’Aristide. C’est là un truisme. On savait déjà - et bien avant l’affaire Dreyfus - que les défenseurs des hommes injustement accusés sont toujours rémunérés, tandis que leurs détracteurs ne peuvent être que des bénévoles. Même en laissant de côté Aristide, les prises de position de Dahomay et de ses amis commencent à devenir gênantes depuis que le rapport Kolbe-Hutson - publié le 31 août 2006 dans la très respectable revue britannique The Lancet et dont on ne peut soupçonner qu’il ait été rémunéré par Aristide - montre que, dans la seule ville de Port-au-Prince, 8000 partisans présumés du président renversé par Bush avec l’appui de la France auraient été assassinés et 35 000 auraient été violés. Selon ce même rapport, la moitié des victimes seraient des mineurs. Pour avoir une idée de la répression menée par le dictateur Latortue, un Américain vaguement haïtien porté au pouvoir par le coup d’État de 2004, il faudrait sans doute multiplier ces chiffres par quatre, puisque les Haïtiens sont quatre fois plus nombreux que les habitants de Port-au-Prince : 32 000 assassinats et 140 000 viols ! J’en connais qui ont de la chance s’ils dorment sans faire de cauchemars.

Mais revenons en France et aux gens civilisés : qui est donc l’invité du putschiste pour cette mémorable journée à Sciences Po ?

Stéphane Pocrain ! Que le collègue de Benguigui chez Ruquier, que l’ex-porte parole des Verts (avec lesquels il aurait été en procès pour de sordides histoires de gros sous) fasse des scandales à bord des avions d’Air-France pour être surclassé en First et éviter ainsi de voyager avec ses compatriotes antillais de base (que voulez-vous, le bruit et les odeurs...) cela ne m’étonne guère.

Mais que le HCI nous le présente comme une figure de l’intégration en politique, là j’émets un léger bémol. Stéphane Pocrain est l’un des fondateurs du Cran (conseil représentatif des associations noires), le « machin » imaginé pour faire pièce à Dieudonné. À ce titre, il développe une idéologie ouvertement raciale. La preuve : le.... N’est-ce pas le même Stéphane Pocrain qui assistait, le 5 juillet 2005, au théâtre de la Main d’or, aux côtés du « fara » Kémi Seba, à une réunion de la tribu Ka explicitement « interdite aux blancs, aux juifs, aux arabes et aux asiatiques » ?

Stéphane Pocrain, modèle d’intégration politique du HCI et de Jacky Dahomay, surpris en orateur de la tribu Ka aux côtés du "fara" Kémi Séba, lors d’une réunion "interdite aux blancs, aux juifs, aux arabes et aux asiatiques" organisée au Théâtre de la Main d’or le 5 juillet 2005.


Photo extraite d’un film inédit de Gérard Théobald, Etre ou ne pas être darmalingon@wanadoo.fr

Peu m’importe ce que Pocrain y a dit. Les faits sont là. Il y était et cela me suffit. Au nom de la race, il s’y sentait à sa place. Cette présence honteuse dans une réunion honteuse démontre assez, s’il en était besoin, que le Cran n’est que la version « soft » de la tribu Ka. Elle suffit à rendre tout aussi honteuse l’initiative du HCI à Sciences po. On voudrait démontrer qu’il existe en France une communauté noire raciste qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Dans quel but ? Donner du grain à moudre aux Finkielkraut et autres prêcheurs de haine pétré-grenouillesque ?

J’ose croire que ce n’est pas en faisant la promotion du macoutisme et du racisme que l’on favorisera l’intégration en France.

Retouvez Claude Ribbe sur son Blog

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