Les 700 travaux Post Mortem d’Héraclès

Les 700 travaux Post Mortem d'Héraclès

A la mort très très lointaine de Philippe Héraclès, on pourra lire sur sa tombe fleurie comme sa barbe, et fort mieux garnie que son joli crane, une formule du genre. « A force de mettre les autres en boite, il fallait bien que cela lui arrive un jour. »

Cet homme pourtant si sérieux au patronyme de légende, discret, travailleur et intègre cache en effet des passe-temps des plus condamnables pour la nuit des temps immémoriaux. Il cultive sans fausse honte dans son jardin de croix, et de chrysanthèmes, des livres à la l’humour féroce et noir comme un corbeau de bonne augure. De manière flegmatique, ce diable d’homme se dépêche de rire avant le trépas, sans aigreur ni foncière méchanceté, mais avec un cynisme tout à fait réjouissant et des blagues mortelles, mon frère.

Il se balade dans les allées d’un cimetière du bon mot qui tue, avec une certaine jubilation vers les cieux. Et le pire c’est qu’on ne reste pas de marbre. Philippe Héraclès nous revient avec un testament sur plaques drôles, vachardes ou poétiques avec au moins un point commun : les mots sur l’Au-delà, l’absence et les souvenirs qui restent. Le grand sommeil revu et corrigé avec bonhomie. Un livre qui ne creuse pas son trou, mais qui déride les zigomatiques..

Il y a dans son « Eternellement vôtre » au moins 700 bonnes raisons de se faire peur, de se bidonner en attendant la camarde avec ses bons camarades. Ah que « faiseur d’épitaphes » est un bon métier, comme il est plaisant de croquer la mort dans ce qu’elle a de plus pathétique, surréaliste ou dérisoire. On envie Héraclès d’avoir trouvé un créneau aussi quiet dans le silence des justes enterrés. Oui, on peut rire de tout si ce n’est pas n’importe comment, Héraclès rend de beaux hommages aux morts pour les vivants et qui pourront servir à l’aube d’un parcours, de petites formules qu’il dégaine froidement en snifant de l’encens.
Des jugements derniers ou des adieux ironiques pour l’Eternité de la gaudriole lettrée.

Il y en a pour tous les goûts dans ce recueil sans cérémonie en grandes pompes, c’est bon c’est fin, ça se lit sans fin, des mots qui font parfois réfléchir, une conversation tacite après la mort entre les deux mondes.. Je n’ai qu’un seul regret éternel à faire valoir, c’est trop court (comme la vie) comme mise en bière. Santé ! Stèle pour Héraclès. ! Ci-lit mort de rire.

"Eternellement vôtre", 700 nouvelles épitaphes, Philippe Héraclès, 286 pages, (2003) 12 euros.

"Eternellement vôtre", 700 nouvelles épitaphes, Philippe Héraclès, 286 pages, (2003) 12 euros.