Un Fauteuil pour Trois

Un Fauteuil pour Trois

Un troisième débat télévisé a permis aux trois prétendants à l’investiture du Parti socialiste de confronter leurs visions respectives des questions européennes, internationales et environnementales. Il y avait fort à parier que le spectacle serait encore moins pétillant que les précédents. Toujours liés par le projet socialiste, aucun n’a voulu se démarquer franchement, malgré l’opposition qu’on leur connaît, par exemple sur la relance de la construction européenne. Laurent Fabius en a tout de même profité pour rappeler qu’il était celui qui pouvait le mieux représenter la volonté du peuple français. La prétention iranienne à s’engager dans l’énergie nucléaire a offert l’occasion aux deux tribuns de recadrer Ségolène Royal sur le traité de non-prolifération nucléaire, qui vraisemblablement, avait fait l’impasse sur la question. Il a aussi été abordé les problèmes essentiels de protocole, à savoir s’il était convenable de recevoir tel ou tel chef d’État en raison de ses prises de positions, puis de l’opportunité de partager le bouton de l’arme atomique. L’écologie, pourtant au centre de l’actualité ces jours derniers, a été soigneusement éludée par les trois candidats, qui n’ont pas renouvelé les déclarations fracassantes qu’ils avaient pu faire auparavant, pressés par la conférence de presse de Nicolas Hulot. Pour finir, Dominique Strauss-Kahn s’est mis au service de la jeunesse de notre pays avec un bel enthousiasme, qu’il a cependant cédé à son probable challenger. La favorite des sondages a fait profil bas durant toute l’émission, ce qui lui a permis d’atténuer l’effet de ses lacunes, et s’est sortie d’affaire en décrochant la mention passable.

Ce n’est pas si facile, avant qu’on la décante
De voir de suite à sa parole un favori,
Surtout quand le débat d’un soir n’est pas tari
Et qu’aucun n’a fait part de sa vision marquante.

On a dit tout le mal d’une Europe à cinquante,
Vu le sens d’un traité que même un ahuri
Aurait compris, mais las ! Quitte à faire un pari
Sur l’avenir, moi j’ai regardé ma tocante.

Je me trouvais dans le jury d’un grand oral
Mais devant la télé le vide est sidéral :
Lequel des trois a-t-il brillé par sa finesse ?

Leurs grands desseins, je les préfère au cinéma :
Ce n’est pas un exemple aussi pour la jeunesse
Que de les voir nous faire un cours a minima.