Clara Bonjour,

1) Lequel de ces qualificatifs vous irait le mieux : libertine ? écrivain ? intellectuelle ? sensuelle ? exhibitionniste ? cérébrale ? expérimentale ? scandaleuse ?

Scandaleuse, sans la moindre hésitation ! Mon dernier exploit en date est d’avoir balancé trois baffes à un VIP du PAF dans une soirée libertine. Je me moque totalement des convenances et du qu’en dira-t-on !

2) Ecrire un livre c’est une démarche naturelle ? féministe ? ludique ?

J’écrivais des vers et des chansons depuis l’âge de quinze ans ainsi que des articles polémiques, je n’aurais jamais imaginé écrire un roman. Quand nous sommes devenus libertins mon compagnon et moi, j’ai commencé par relater nos aventures sur le net par goût de l’exhibitionnisme et animée d’une belle envie de choquer le libertin moyen. Il s’est trouvé qu’un écrivain du nom de John Flaherty-Cox est tombé sur ces textes et m’a proposé d’aller plus loin à l’aide de ses conseils. Par la suite il m’a présentée à l’éditeur Franck Spengler, voilà toute l’histoire !

3) J’ai eu la chance non seulement de vous voir, mais également de vous entendre... On n’a jamais tenté de vous faire chanter ?

Mais je chante depuis toujours ! Ma mère imitait Piaf, c’était une copine de Micheline Dax. Nous chantions ensemble à la messe le dimanche et tous les regards se tournaient vers nous, j’adorais ça ! Adolescente, je suis devenue une enfant du rock et j’ai commencé par du Dylan et du Joan Baez en m’accompagnant à la guitare et à l’harmonica. Par la suite, je me suis mise au blues et au rock en tant que chanteuse et parolière. J’ai officié dans divers groupes dont aucun n’a concrétisé quoi que ce soit. Je crois que j’ai manqué de chance, je connais des filles qui n’ont ni mon organe, ni mon physique, ni mon jeu de scène mais qui ont réussi ! Je n’ai peut-être pas su coucher efficace !

4) Vous avez participé à un livre collectif de femmes... Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agissait ?

Les Editions Blanche publie un recueil de ce genre tous les ans, qui sort ensuite chez Pocket. Pulsions de femmes est une compilation de nouvelles sur le thème de la pulsion sexuelle féminine. Ma nouvelle relate mes amours téléphoniques avec un parfait inconnu. Une expérience très forte à l’époque.

5) Quelles sont les difficultés particulières pour l’écrivain érotique que vous êtes ?

Vous allez rire, mais je crains souvent l’opinion de mon compagnon sur ce que j’écris ! J’ai toujours peur de le blesser, de le choquer mais à la fin ça se passe bien. Le plus difficile est pour moi d’inventer des infidélités ! La transgression excite le lecteur mais en ce qui concerne mon compagnon, il me demande de tout dire or je ne peux avouer des infidélités purement imaginaires ! Un autre de mes regrets est de ne pouvoir annoncer fièrement à ma famille que j’ai écrit un roman érotique (ai-je dit plus haut que je faisais fi des convenances ?). Le sexe reste très tabou. C’est ridicule car si j’avais écrit un thriller relatant des tortures par exemple, ça passerait comme une lettre à la poste...

6) Vous m’avez dit que chanter, c’est mieux que baiser, qu’en est-il d’écrire ? Autrement dit, prenez-vous plus de plaisir à faire ou à raconter ?

Faire de la scène est une véritable jouissance pour une chanteuse passablement exhibitionniste ! Le trac, l’entrée en scène, le don de soi au public, la performance, les applaudissements, tout est bon ! J’avais dit, c’est vrai que je préférais ça au sexe mais à l’époque je n’étais pas libertine. Ce qui est jouissif, ce n’est pas de coucher avec le même homme pendant des années, ce sont les expériences nouvelles même si parfois j’ai pu être blessée par certains individus. La lâcheté se porte très bien dans ce milieu comme ailleurs mais c’est un autre sujet. Ce qui peut justement être parfois jouissif dans le seul fait d’écrire c’est de pouvoir exécuter de la plume ceux ou celles qui ont voulu jouer au plus malin. Je suis une combative, y compris dans ce contexte.

7) Un jeu littéraire, veuillez compléter les phrases suivantes :

 Elle était maquillée... comme une grue !
 Le sexe... c’est bon quand le désir fait mal !
 Jamais deux fois... avec un moche, un con, un malhabile, un traître, le tout pouvant se mettre au féminin.
 Le réveil sonna... et j’eus soudain la conviction que je l’avais vraiment oublié(e).
 Ecrire... me confère le profond sentiment d’exister, ce dont je doute toujours.

8) Nous raconteriez vous votre rencontre la plus drôle ?

Ma première copine. J’avais découvert que mon amant favori de l’époque avait une autre maîtresse qu’il me cachait. J’ai tout fait pour rencontrer cette fille, j’ai même couché avec elle, moi qui n’avait jamais ne serait-ce qu’embrassé une femme sur la bouche ! Nous avons été très heureuses de pouvoir lui proposer le trio dont il rêvait, et bien je vous le donne en mille, il a fait une crise de jalousie épouvantable et m’a accusée de tenter de lui piquer sa nana ! J’avoue que ce n’était pas entièrement faux ! J’ai finalement obtenu qu’elle le plaque, j’ai horreur de perdre ! Mais est-ce si marrant que ça en fin de comptes...

9) Ma question Vignale, qui est génial, que pensez-vous des narcissiques et des mégalos ?

Il faut être narcissique ! Etre amoureux de soi-même, c’est un bon anti-dépresseur il me semble !

La folie des grandeurs ? Elle se porte très bien ! Beaucoup de gens sont payés très chers pour être médiocres, à la télévision notamment. Mais si ça fonctionne.... Personnellement, j’ai toujours été trop modeste malgré les apparences. Je ne croyais vraiment pas que ce roman serait publié quant à l’éventuelle pipolisation qui pourrait en résulter, alors là, je me marre ! Ce n’est pas en baffant des gens influents qu’on réussit dans la vie !

10) Chère Clara, je vous laisse le mot de la fin

Les hommes sont interchangeables, ça n’empêche pas les sentiments !

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