Interview de Christophe Marie (Fondation Brigitte Bardot)

Interview de Christophe Marie (Fondation Brigitte Bardot)

Christophe Marie est devenu un des responsables de la Fondation Brigitte Bardot après être entré dans la structure en tant que bénévole il y a 15 ans. Ce jeune homme actif et militant a bien voulu répondre à nos questions quelques jours après les 20 ans de cette Fondation qui a pris une belle ampleur dans le monde et est là pour nous rappeller que la lutte pour les animaux est un combat quotidien important pour l’avenir de notre planète.
Un entretien passionnant qui, sans nul doute, fera naître des vocations !

1. Bonjour Christophe Marie, je suis ravi de vous accueillir sur "Le Mague". Malgré votre jeune âge, vous êtes un des dirigeants de la Fondation Brigitte Bardot en lequel Brigitte donne toute sa confiance. Comment êtes-vous arrivé à la Fondation ?

Je ne suis plus si jeune puisque j’ai « fêté » mes 38 ans le jour des 20 ans de la Fondation et des 72 ans de Brigitte Bardot et cela fait maintenant plus de 15 ans que je suis au cœur de la Fondation.

C’est un combat que j’ai toujours eu en moi, très tôt j’ai refusé de manger de la viande ce qui m’a conduit à négocier, alors que je n’étais qu’un gosse, avec le cuisinier de la cantine pour ne plus avoir de cadavre dans mon assiette. Ensuite, je suis parti en Afrique pendant 18 mois faire mon service militaire et j’en ai profité pour militer contre le commerce de l’ivoire (à l’époque les éléphants n’étaient pas protégés).

Je préparais des tracts sur le massacre des éléphants que j’allais ensuite distribuer sur les marchés artisanaux.

C’est à cette époque que Brigitte Bardot a créé sa Fondation et dès que je l’ai appris, j’ai envoyé un don équivalent à 2 mois de solde. Pendant 2 mois je ne pouvais rien faire, pas boire un verre ni sortir mais ça m’était complètement égal et je peux vous dire aujourd’hui, avec le recul, que je ne regrette pas une seconde ce petit sacrifice comparé à l’investissement total et quotidien de Brigitte Bardot dans ce combat.

En 1991, je suis venu à Paris et, très naturellement, à la Fondation où j’ai fait du bénévolat tous les jours pendant plusieurs mois, je travaillais le soir ce qui me permettait de cumuler les deux, puis une place s’est libérée à la Fondation alors j’ai rejoins la petite équipe du début.

2. Brigitte Bardot a beaucoup de tendresse pour vous, elle vous considère même comme son fils spirituel, comme elle l’a dit aux 20 ans de la Fondation il y a peu, c’est une lourde responsabilité que de ne pas décevoir notre Brigitte nationale je suppose ?

C’est une lourde responsabilité de ne pas décevoir les gens que l’on aime et j’ai une réelle et sincère tendresse pour Brigitte Bardot. J’ai beaucoup de mal à faire le lien avec la femme de cœur que je connais et l’icône nationale qui provoque des réactions souvent excessives. Mais c’est vrai que l’affection qu’elle me témoigne depuis des années me touche réellement, cette filiation qu’elle évoque parfois n’est pas vaine, je la ressens très profondément.


3. La Fondation Brigitte Bardot a beaucoup évolué en 20 ans, elle est devenue mondiale et très active mais on a l’impression que la structure de gestion, bien que professionnelle, est restée très humaine voire familiale ?

C’est vraiment la volonté de Brigitte Bardot de ne pas faire de sa Fondation une « administration », la Fondation doit préserver, défendre sa dimension humaine même si, en effet, elle s’est beaucoup développée ces dernières années. Le côté « familial » est indéniable avec ses avantages et ses inconvénients... vous savez, les histoires de famille...

4. Parmi les nombreuses causes animales que vous défendez au sein de la Fondation quelle est celle qui vous touche le plus personnellement ?

Difficile d’établir une hiérarchie face à la détresse que nous côtoyons, mais ce qui me révolte peut-être le plus, c’est l’industrialisation de la souffrance, l’indifférence devant des animaux qui ne sont plus considérés comme des êtres sensibles mais comme une simple marchandise.

Je trouve monstrueux ce qui se passe dans les élevages intensifs, la déshumanisation de l’élevage. Regardez, quand des milliers de volailles meurent lors d’une canicule on va parler de perte financière, de dédommagement pour l’éleveur, mais jamais de la souffrance et de la mort d’animaux.

Je crois que les consommateurs sont devenus aveugles et sourds, à moins qu’ils préfèrent ne pas savoir... ignorer en toute conscience !

5. La Fondation, bien qu’apolitique, a des soutiens divers, notamment à Droite et avec Nicolas Sarkozy, allez vous prendre part à la campagne pour les présidentielles 2007 en ayant des doléances envers les candidats à la plus haute fonction de l’Etat ?

Nous tenons beaucoup à l’indépendance de la Fondation vis-à-vis de quel que parti que ce soit. Pour autant, il est vrai que nous sommes soutenus par de nombreux parlementaires sans, malheureusement, bénéficier de la même écoute du gouvernement.

Nous allons intervenir auprès des candidats à l’élection présidentielle pour leur présenter nos doléances mais aussi pour connaître leurs positions sur différents sujets de protection animale.

Nous rendrons ensuite publiques les réponses sans soutenir officiellement l’un ou l’autre candidat.

6. Dans la belle et longue présentation de votre association sauf erreur de ma part, vous n’évoquez pas la grippe aviaire et autres luttes contre les farines animales, soutenez-vous des initiatives comme le film didactique MEATRIX ?

Cette présentation était représentative de nos actions mais pas exhaustive, loin de là, et nous sommes intervenus lors des différentes crises sanitaires, en particulier pour dénoncer la cruauté des abattages massifs justifiés par le « principe de précaution ».

Des initiatives comme MEATRIX sont très bonnes car elles dénoncent, avec humour, l’horreur de l’élevage intensif dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences, tant au niveau de la protection animale qu’en terme de salubrité publique.

7. En voyant la violence des films que vous diffusez dans votre Fondation on a envie d’être nous aussi militants, on peut donc faire des dons si on en a les moyens mais aussi être bénévoles, quels sont vos besoins en la matière ?

Il est déjà très important de prendre conscience que nous avons tous la possibilité d’agir à notre niveau. Sans parler de végétarisme, il est possible d’encourager des méthodes de production plus respectueuses des animaux ou bien de choisir des produits cosmétiques non testés sur les animaux.

Nous modifions nos comportements pour préserver l’environnement, de la même manière, nous pouvons faire un geste pour limiter la souffrance animale.

En ce qui concerne les dons à la Fondation ils sont le « nerf » de la guerre puisque nous ne percevons aucune subvention et ne vivons que par la générosité de nos sympathisants.

8. Comment va encore évoluer la Fondation dans les 10 ans à venir, a t’elle l’aura et les reins assez solides pour survivre à Brigitte Bardot elle-même ?

Vous savez, les autres associations ne bénéficient pas de l’aura d’une personnalité comme Brigitte Bardot et pourtant elles existent. Nous avons un atout précieux, notre Fondation est probablement, à l’heure actuelle, celle qui mène le plus de combats en faveur des animaux, mais nous avons un gros handicap... tout le monde l’ignore !

Qui connait l’existence de notre sanctuaire pour ours dansants en Bulgarie, notre hôpital pour animaux sauvages au Chili, pour koalas en Australie, pour éléphants en Thaïlande ou pour équidés en Tunisie ? Si la Fondation n’existait pas, de très nombreux programmes de conservation d’espèces seraient anéantis (chimpanzés, bonobos ou gorilles en Afrique, gibbons en Asie...).

En France, la Fondation aide de très nombreux refuges en difficulté, mène d’importantes campagnes de stérilisations des chats errants, sauve de nombreux chevaux des abattoirs, etc.

Si Brigitte Bardot a créé sa Fondation en vendant ses bijoux, puis en faisant don de sa Madrague pour être reconnue d’utilité publique, c’est précisément pour que cette action ne s’éteigne pas avec elle, que la Fondation soit assurée de certaine pérennité.

9. Vous qui connaissez très bien Brigitte Bardot, essayez de convaincre ceux qui ont encore un a priori négatif véhiculé par certains média ?

Les médias ne sont pas responsables de tout, Brigitte Bardot a sa part de responsabilité car elle est entière, ne fait aucune concession.

Dès lors, elle ne pourra jamais être aimée par tous et je crois, sincèrement, qu’elle s’en fout ! La seule chose qui m’insupporte, c’est d’entendre tellement de critiques sur son combat, je trouve hallucinant qu’elle soit insultée et méprisée à ce point.

Elle n’a pourtant rien à gagner, absolument rien. Si elle ne s’était occupée que d’elle-même, réfugiée à la Madrague, elle serait devenue le mythe absolu. Elle a préféré se battre, détruire son image de femme-enfant en utilisant sa renommée internationale et sa fortune pour défendre une cause qui ne rapporte aucun prestige en retour. Elle paye très cher son investissement, mais je crois qu’elle ne l’a pas choisi, ce combat pour les animaux c’est comme une évidence, il fait partie intégrante de sa personnalité, de son être, de sa vie.

10. Je vous laisse le mot de la fin cher Christophe !

Je n’aime pas le mot "fin" et je préfère penser que tout cela, ce combat, est au contraire un début, celui d’un monde où l’homme saura vivre en harmonie avec son environnement, saura respecter les êtres qui l’entourent... l’espoir fait vivre paraît-il !


La Fondation Brigitte Bardot sur le Net

La Fondation Brigitte Bardot sur le Net