Il est d’ailleurs terrible qu’il soit nécessaire d’être confronté à de telles démonstrations de désespoir pour que certains - bien peu - se posent quelques questions sur notre modèle de « développement » et son incapacité à rendre heureux nos contemporains.

Pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler, je rappellerai brièvement que lundi 2 pères de famille ont tué leurs 3 enfants avant de se donner la mort, les 2 connaissaient des difficultés de couple et étaient séparés de leurs épouses.

Un drame s’est produit près de Grenoble, le père était âgé de 43 ans et les enfants de 16 à 6 ans. L’autre à Tourcoing, le père étant âgé de 37 ans et les enfants de 9, 6 et 4 ans...

Il suffit de fermer les yeux une fraction de seconde pour apercevoir l’abîme dans lequel ces hommes ont dû se trouver pour avoir recours à une telle extrémité ; les pires images de l’enfer semblent peu de choses à côté d’un acte aussi impensable...

Pourtant, il s’est passé, ils se sont passés !

Le 17 septembre 2006, dans ce pays développé et moderne qu’est la France, 2 pères de famille étaient à ce point désespérés qu’aucune autre issue que l’assassinat de leurs propres enfants ne s’est présentée à eux.

Bien entendu, les « autorités » vont nous parler de « déséquilibrés » ou de « personnes en grave crise », bien entendu...

Mais est-ce suffisant, est-ce acceptable qu’ils n’aient eu aucun recours, aucune personne à qui parler, chez qui pleurer, chez qui simplement leur désespoir aurait pu exister et par là même devenir un tout petit peu moins insupportable ?

Notre société « moderne », modèle pour certains, à tel point qu’il y a lieu de l’exporter chez les « sauvages » afin qu’ils connaissent à leur tour les « bienfaits » de la surconsommation et de l’individualisme forcené, notre société donc, produit des malheureux à la chaîne, des complexés à la chaîne, des exclus à la chaîne, des détraqués à la chaîne, des divorcés à la chaîne, des chômeurs à la chaîne, chaîne, chaîne...

Comme les centaines que notre poste vomit et qui sont censées nous guérir de tous nos maux tout en créant des obèses... à la chaîne...

Aujourd’hui, j’ai mal de contribuer - en ne m’y opposant pas plus fortement - au triomphe de cette société si égoïste qu’elle finit par se replier sur elle-même et d’auto justifier l’ensemble de ses excès en excédant encore plus, jusqu’à décéder... enfin pas tous, seulement les plus faibles.

Qui de toute manière ne représentaient pas les meilleurs clients pour ce supermarché géant qu’est devenue notre société humaine du XXIème siècle !

Ce XXIème siècle dont Malraux avait conditionné l’existence à une spiritualité affirmée...

Je dédie ces quelques mots à ces 6 enfants que nous n’avons pas su protéger et à ces 2 pères que nous n’avons pas su aimer.

Putain d’époque !

A demain...