La mode géopolitique voudrait que Georges W. Bush ait initié une guerre contre le terrorisme. Que telle soit l’expression utilisée par le Président des Etats-Unis n’est pas une raison suffisante pour que nous la reprenions à notre compte. En premier lieu parce que la guerre contre le terrorisme est une contradiction en soi : on peut supprimer un ennemi, non pas une forme de combat.

Ensuite parce qu’un Etat est impuissant face à cette forme de combat. (Qui pourrait assurer que la capture de Ben Laden mettrait une fin au terrorisme ?) Enfin parce qu’une telle expression masque la vraie nature de la guerre, celle d’une redistribution des cartes économiques (contrôle des ressources) et stratégiques (reconfiguration des alliances, rapprochement avec certains leaders, comme, par exemple, Vladimir Poutine, lui-même confronté à des problèmes similaires).

Voilà pourquoi la guerre peut se dérouler en Irak, dans un pays qui n’avait pourtant rien à voir avec les terroristes. Rappeler au président américain que Saddam Hussein n’avait aucun lien avec Oussama Ben Laden a quelque chose de naïf. La seule guerre contre le terrorisme que puisse gagner un Etat est celle qu’il poursuit à l’occasion du terrorisme, et non pas contre lui.

Tenir la preuve que Georges W. Bush nous a menti sur les armes de destruction massive, se flatter benoîtement d’avoir prédit l’échec des armées américaines en Irak, c’est se laisser duper sur la vraie nature de la guerre qui est en train de se dérouler sous nos yeux.