Monique Le Dantec

Monique Le Dantec

Existe-t-il un âge pour devenir jeune auteur ? Visiblement non, puisque Monique Le Dantec a réussi l’impensable : publier plusieurs livres alors qu’elle ne copine avec aucun éditeur et qu’elle n’a pas le profil type du jeune loup qui fait vendre.

Monique n’a pas les dents longues mais elle possède pourtant un indéniable talent et n’a surtout pas sa langue dans sa poche quand il s’agit de répondre à des questions qu’on lui pose. Découverte d’une grande dame qui n’a pas fini de nous raconter de belles histoires : elle commence seulement !

1. Bonjour Monique. Est-ce difficile de percer dans le milieu littéraire français ?

Oui, plus que difficile même. Si chaque écrivain, non introduit dans le milieu littéraire et sans nom particulier qui attire l¹attention du lectorat, pouvait avouer le nombre de fois que son premier manuscrit est refusé, je pense que beaucoup en seraient surpris.

C’est d¹ailleurs sans doute le but plus ou moins avoué des éditeurs, décourager les candidats à l’édition, privilégiant leurs auteurs habituels, et prenant de temps à autre le risque d’en présenter un nouveau, inconnu, histoire de se donner bonne conscience et de faire joli dans le paysage littéraire. À condition bien sûr que ledit nouvel auteur soit médiatique ! En fait, je ne pense pas que la littérature ait grand chose à voir avec le choix d¹un texte, mais le potentiel « mercantile » que représente l’auteur.

Et puis un jour le miracle survient. Un éditeur, sincère, courageux et passionné, car il faut aussi de la passion pour éditer, donne sa chance à un auteur. J’en profite pour remercier ABM Editions - André et Mahité Besnard - dont l’enthousiasme n’a d’égal que leur envie de promouvoir des auteurs inconnus.

2. Que vous faut-il pour écrire un livre ?

Pas grand chose. Mon Mac quand je suis chez moi, un grand bloc et des stylos quand je suis ailleurs. Je peux écrire n’importe où, car je me concentre suffisamment, mais je préfère le calme de mon bureau avec la vue sur la forêt. Pour la recherche, je me documente à la bibliothèque de ma commune, et surfe sur le net, de préférence vers les sites universitaires.

3. D’aucuns vous diraient que la réminiscence d’une vie antérieure est un sujet bateau. Qu’est-ce que Le sommeil de Zoé a de différent par rapport aux autres ouvrages ayant traité du même sujet ?

Je ne me suis pas posée la question. Chaque roman que j’écris a une origine particulière, un « déclencheur ». Celui du Sommeil de Zoé a été un rêve. J’ai vu cette femme venue du fond des temps, et je savais dans mon rêve ce qui lui était arrivé alors. Je suis partie de cette vision pour écrire le livre. Je n’ai pas cherché à comparer d’autres écrits. À vrai dire, je m’en moque totalement. Je pense qu’à la minute où, pour une raison ou une autre, je devrais écrire en fonction de critères spécifiques dictés par l’éditeur ou autres, je cesserai d’écrire. Je me réserve une totale liberté à ce niveau, quitte à ne pas être publiée.

4. Comment choisissez-vous les prénoms de vos héros de roman ? Faites-vous particulièrement attention à la signification du prénom ?

Les prénoms s’imposent à moi très rapidement, à l’instinct. Mais je n’en cherche pas la signification. Je n’ai aucune idée de ce qui entoure le prénom de Zoé. Cela n’aurait en tout cas rien à voir avec mon roman. Zoé est venu brutalement dans mon esprit, tandis que je me morfondais dans un embouteillage parisien !

5. Vous décrivez avec beaucoup de détails et de mots spécifiques le monde de la peinture. Enquêtez-vous avant de vous lancer dans l’écriture ?

Oui, d’une manière très précise. La recherche représente une grande partie de mon travail. Au moins autant que l¹écriture. J¹aime beaucoup car je découvre de nombreux secteurs plus ou moins connus qui me sont nécessaires pour le projet en cours. Ces études sont différentes à chaque roman, mais je m’immerge totalement dans le sujet, souvent pendant plusieurs mois. La contrepartie est que plus j¹explore certains domaines, plus je m’aperçois de l’immensité de ce qui reste à découvrir ! C’est assez frustrant.

6. Pourquoi un doberman ?

Je voulais un grand chien qui fasse peur à mon héroïne. J’ai eu un berger belge malinois, mais cette chienne était tellement gentille que jamais je n’aurais pu introduire cette race dans le texte. Le doberman est le seul chien qui puisse impressionner que je connaisse un peu. Cela m’a aidé dans mon choix. Je ne voyais pas un Pitbull dans mon histoire même si sa connotation de « méchanceté » convenait. Il lui fallait une certaine élégance physique, un caractère fort, et qui soit compatible avec son maître, Pierre.

7. Est-ce une volonté de votre part de n’avoir pas plus creusé cette histoire ? On reste un peu sur sa faim en tournant la dernière page.

Oui et non. Je n’ai pas voulu écrire réellement un livre sur la réincarnation (d’ailleurs s’agit-il vraiment de réincarnation ?) mais sur un sujet un peu mystérieux qui puisse m’amuser en l’écrivant. J’ai voulu aussi un livre accessible à un large public. Je ne considère pas avoir un message à faire passer, dans ce livre du moins. Tout au plus attirer l’attention sur des secteurs peu connus, en particulier la régression dans les vies antérieures. Je souhaite plutôt que mes lecteurs passent un bon moment en ma compagnie, et aient envie de lire le livre jusqu’au bout. Par contre, en ce qui concerne la fin, j’ai laissé sciemment une porte ouverte, car je pense que j’écrirai la suite un jour. D’ailleurs, mon éditeur me l¹a déjà demandé.

8. Selon vous, la vérité possède-t-elle un début et une fin ?

Non, je ne crois pas. La vérité est fluctuante et possède de multiples facettes en fonction de chaque individu et de l¹instant T. Elle n’a ni commencement ni fin mais est relative par rapport à un évènement précis. De plus, elle est tellement subjective qu’il me paraît difficile d’en faire un critère déterminant et encore moins définitif.

9. Que pensez-vous de Mary Higgins Clark qui n’a commencé sa carrière qu’à quarante ans passés ?

C’est la preuve qu’il n’est jamais trop tard pour commencer. Tous les espoirs me sont donc permis ! Mais j’avoue humblement n’avoir jamais lu cette auteur.

10. Chère Monique, je vous laisse clore cet entretien et vous dis à bientôt...

Je vous remercie infiniment de votre intérêt. J’écris par passion. Comme j’ai commencé tard, plus encore que cette écrivain que vous citiez précédemment, j’utiliserai le temps qui me reste à continuer à écrire pour, je l¹espère, le plaisir de mes lecteurs, ainsi que plus tard, pour mes enfants et petits enfants.
J’aurai aimé que ma mère écrive. Après son décès, survenu trop tôt quand j’étais jeune, il me semble que j¹aurais pu la retrouver à travers ses textes. C¹est d’ailleurs, outre le plaisir que j’en ai, ma principale raison d’écrire, garder au-delà de la mort un lien avec les miens, même si les histoires que j’invente ne sont pas autobiographiques. Il y a dans chaque roman une part de moi qu’ils retrouveront sans doute. Le Sommeil de Zoé est mon 3ème roman édité, après Les Jardins d’Allah et Paradis sur Terre (ceux-ci, épuisés, seront réédités dans les mois prochains). Je suis en cours d’écrire le 9ème roman et j’ai une foule de projets en tête.

Le sommeil de Zoé, Monique Le Dantec, ABM Editions, 17,00 €

Le site de Monique Le Dantec