La tourneuse de pages

La tourneuse de pages

Attention, ce film est une partition cinématographique de toute beauté, une réussite totale à la note juste, au casting impressionnant dans son étalage des corps, des âmes et sa tenue classieuse du début à la fin de ce concerto magistral ! "La tourneuse de pages" est un beau film d’auteur, qui peut être apprécié par un public très large. Voilà un Cinéma qu’on a vraiment envie de défendre et conseiller ici.

"La tourneuse de pages" est admirable dans son rythme à la belle fluidité maîtrisée, dans sa mise en scène sobre et imparable. Denis Dercourt réalise le film parfait, alliant un scénario original, une musique lancinante, une cruauté imaginative et un beau numéro d’acteurs, entre l’impeccable concertiste jouée par une Catherine Frot au meilleur de sa forme et une nouvelle venue, Déborah François, qui crève l’écran et qui fait "sensation" dans toutes les acceptions du terme.

"La tourneuse de pages" est le récit méticuleux d’une vengeance sur dix ans, une histoire de femmes faite de faux semblants, d’attirances, de répulsions, un drame bourgeois dans l’univers de la Musique Classique où une fille de bouchers taillera métaphoriquement dans la chair d’un couple fortuné sans histoire, et mettra à mal un équilibre de conventions et de bienséance.

On est vraiment impressionné par ce film humble qui réussit la belle prouesse de nous captiver pendant tout sa durée sans oser d’artfices faciles ou de ressorts déjà vus. Catherine Frot, une musicienne ayant perdu confiance en elle à la suite d’un accident de voiture se retrouve dans une situation délicate qui la rend plus fragile. C’est ce moment précis qu’à choisi la troublante Emilie Prevost pour se venger d’une humilition passée, lors d’une audition de piano, petite fille.

Le duo Frot/François est un grand spectacle musico-cinématographique, on est aux places d’honneur pour assister à cette exploration très pudique des sentiments féminins.

A côté de ce couple incongru, Pascal Greggory qui joue M. Fouchécourt, le mari avocat, est formidable de mesure et de tact, de bienveillance, de discrétion, laissant le drame se mettre en place jusqu’à la scène finale en hommage à JS Bach qui est une belle trouvaille de mise en scène et de scénario.

"La tourneuse de pages" impose le respect, on voit qu’elle a été composé par un amoureux de la musique, des images et des mots. On prend beaucoup de plaisir, un peu voyeur, à analyser et disséquer les pistes qui s’offrent à nous, les indices que l’auteur sème en bout de croche, les silences qu’il a mis à bon escient dans le tempo.

"La tourneuse de pages" est un très bon film qui mérite bien des louanges. Voilà un morceau de choix de cinéma français qui fait la part belle aux cadrages, à l’imagination, aux actrices et acteurs et à ce qui ne peut se dire autrement qu’en cinémascope.

On est pris par les sentiments, les yeux éblouis par tant de joliesse et de style. On a hâte de voir, de toucher et d’écouter la prochaine représentation de ce trio formidable. Merci Catherine, Deborah et Denis.

"La tourneuse de page" de Denis Darcourt, avec Catherine Frot, Deborah François et Pascal Greggory, en Salles

"La tourneuse de page" de Denis Darcourt, avec Catherine Frot, Deborah François et Pascal Greggory, en Salles